Lena Dunham et ses Girls n’ont pas encore plié bagage que HBO a déjà trouvé une digne successeure en la personne d’Issa Rae.
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Quasiment inconnue chez nous, Issa Rae est déjà une voix qui compte depuis plusieurs années outre-Atlantique. Actrice et scénariste, elle s’est taillée une réputation en lançant en 2011 sa web-série, The Misadventures of Awkward Black Girl, chronique tragi-comique d’une jeune femme dans la vingtaine. Ses amours, ses amies, ses emmerdes…
C’est avec à peu près le même pitch que talentueuse Issa Rae a su accrocher HBO. Il faut dire que la chaîne a fait des dramédies — ces séries d’auteur “tranches de vie” comme Girls, Looking ou Togetherness, filmées de façon naturaliste, où s’enchaînent les scènes de la vie quotidienne — une de ses spécialités. Alors que le hit de Lena Dunham va s’achever l’année prochaine, il était temps pour la chaîne câblée de faire entrer du sang neuf.
Issa nous emmène dans le quartier de South Los Angeles, en pleine gentrification, suivre son alter-ego du même nom. La jeune femme tente de trouver sa place dans la société entre une relation de couple qui bat de l’aile, un boulot qui a ses challenges et sa meilleure amie, la business woman Molly (Yvonne Orji). En secret, Issa rappe devant le miroir de sa salle de bain ce qu’elle pense vraiment de sa vie et de ses proches.
Les allergiques au format naturaliste de la dramédie, ceux qui ne supportent pas ces jeunes adultes aux crises existentielles, passeront leur chemin. Les autres ne rateront pas les débuts d’Insecure. Ici, ce n’est pas tant l’intrigue qui compte (cette histoire nous a été racontée mille fois) que son traitement. Larry Wilmore et Issa Rae ont imaginé des personnages à la fois imparfaits et attachants, en fait particulièrement réalistes.
Ne vous attendez pas à de la gaudriole à tous les étages : parfois, Insecure est même carrément déprimante, notamment dans sa façon de dépeindre la relation entre Issa et son mec, Lawrence (Jay Ellis). Ce dernier traverse une mauvaise passe professionnelle, qui affecte immanquablement son couple. Et il n’y aura pas de solution miracle comme dans les comédies romantiques.
Insecure, c’est aussi le portrait d’une amitié entre deux femmes afro-américaines, chose plutôt rare à la télévision, même américaine (il y a eu Girlfriends). Elles ont leurs défauts (Molly est snob, Issa un peu égocentrique), mais pourront toujours compter l’une sur l’autre, peu importe leurs erreurs de jugement. Par petites touches, la série nous parle de problèmes qu’elles peuvent rencontrer en raison de leur couleur de peau : Issa bosse par exemple dans une association à but non lucratif où ses collègues blanches se montrent souvent blessantes ou condescendantes (ou les deux à la fois). Molly se fait un devoir de conseiller bien maladroitement une collègue noire pas très discrète.
Mais Insecure n’est pas pour autant une série militante. Les sujets dont elle parle — concilier réussite pro et vie romantique, oser poursuivre son rêve, s’épanouir en couple — sont universels. Le ton d’Issa Rae, décalé, malin et punchy est en revanche unique en son genre.
La saison 1 d’Insecure est diffusée sur HBO depuis le 9 octobre, et le 10 octobre sur OCS en US+24.