Opportunistes. Stupides. Irrespectueuses. Ce sont une infime partie de la ribambelle d’adjectifs utilisés pour qualifier les photos prises par des instagrameurs dans la ville de Pripyat. Pour celles et ceux qui l’ignorent, c’est dans ses environs qu’a eu lieu, en 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Depuis cette date-là, Pripyat est une ville fantôme où personne n’habite… mais qui commence à être de plus en plus visitée pour l’amour du like, si l’on en croit la récente polémique qui secoue la Toile.
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Ces derniers temps, les aficionados de séries ont été séduits par Chernobyl, une mini-série de HBO en cinq épisodes qui retrace de manière presque documentaire le drame nucléaire. Victime de son succès, le programme télévisé aurait contribué à une augmentation d’environ 35 % du tourisme dans le bourg désert de Pripyat. Une forme de voyage d’exploration que beaucoup désignent sous l’appellation de “dark tourism”, et qui a donné lieu à un tas de photos pour le moins dérangeantes.
Qu’ils posent de façon faussement artistique ou qu’ils affichent un sourire ultra-bright pour un selfie devant le parc d’attractions rouillé de Pripyat, les touristes sont pointés du doigt par de nombreux internautes qui les accusent d’agir de manière totalement déplacée. La palme est tout de même remportée par une utilisatrice d’Instagram répondant au doux pseudo de @nz.nik, qui n’a pas hésité à poser à moitié dénudée sur le site de Tchernobyl. Un cliché qui témoigne d’une inconscience complète : en effet, bien que la zone soit globalement sécurisée, il faut être vêtu·e de la tête aux pieds et veiller à s’équiper d’un dosimètre.
Craig Mazin, scénariste de Chernobyl, s’estime satisfait de voir que sa mini-série a encouragé cet essor touristique… mais a, comme nous, déchanté en voyant les photos déconcertantes de nombreux instagrameurs. “Si vous visitez, souvenez-vous s’il vous plaît qu’une terrible tragédie s’est déroulée ici, réitère-t-il dans un tweet. Comportez-vous avec du respect pour tous ceux qui ont souffert et qui se sont sacrifiés”. Une piqûre de rappel tristement nécessaire, il faut croire.