Cette année, Netflix a taillé dans le gras de ses séries, revenant parfois même sur des renouvellements annoncés (une première), comme c’est arrivé à The Society ou GLOW. La justification est à chaque fois la même : la plateforme a dû faire des choix difficiles pour gérer les pertes financières liées à la pandémie mondiale et les coûts de production, multipliés pour se plier aux exigences sanitaires.
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Certains rétropédalages ont fait plus mal que d’autres. C’est notamment le cas de la série ado I Am Not Okay with This, mix réussi entre Stranger Things et The End of the F***ing World, avec une protagoniste queer (chose assez rare pour être soulignée). Les retours critiques étaient plutôt bons, le renouvellement pour une saison 2 quasiment acté et on avait hâte de découvrir la suite des aventures explosives de Syd (Sophia Lillis), qui se terminaient par un cliffhanger.
Pourtant, en août dernier, le couperet tombait : la série de Jonathan Entwistle rejoignait finalement le cimetière des productions Netflix, fauchée en plein vol par les soucis de production liés au Covid-19. Dans une interview accordée à Insider, le showrunner revient sur ce moment : “On était si choqués quand c’est arrivé, je me disais : ‘C’est trop bizarre d’annuler cette série’.” En une petite saison composée de sept épisodes, cette adaptation du roman graphique éponyme de Charles Forsman avait su conquérir le cœur de fans enthousiastes, qui continuent d’écrire au créateur tous les jours.
© Netflix
Face à cette annulation impromptue, Jonathan Entwistle a voulu changer la dernière scène de la saison – en fait, de sa série –, dans laquelle la silhouette d’un homme, peut-être le père de Syd, rejoignait l’adolescente en perdition. Elle lui demandait si elle devait avoir peur de lui et il répondait alors : “Ce sont eux qui devraient être effrayés. Commençons.”
“Quand la série a été annulée, je suis allé voir Netflix et j’ai demandé : ‘Eh, pouvez-vous me laisser remonter les deux derniers plans pour qu’il n’y ait pas de dialogue et qu’on ait juste l’impression qu’un homme lui apparaît ?’, mais ils ne m’ont pas laissé faire.”
À noter que dans le roman graphique, plus sombre encore que la série, l’antihéroïne mettait fin à ses jours. Dans cette interview, Jonathan Entwistle explique également qu’il aurait aimé que son autre série, The End of the F***ing World, s’achève au bout d’une seule saison. Face au gros succès du show, Netflix a absolument voulu une saison 2. “Ne me poussez pas à expliquer pourquoi nous aurions dû en rester là. Je me suis battu très fort pour en finir avec ça.”
Clairement, les relations ne sont pas au beau fixe entre le showrunner et la firme de Los Gatos, ce dernier mentionnant également qu’il n’a pas de deal global avec la plateforme. Revenant sur l’annulation de I Am Not Okay with This, il estime que Netflix a abandonné sa série, car la plateforme s’attendait à un hit à la Stranger Things, les deux n’ayant pourtant pas du tout le même ton…
“Je pense que l’un des problèmes que nous avons rencontrés avec ‘I Am Not Okay with This’ est qu’à bien des égards, je la considérais comme une série de niche, plus petite, et ils la considéraient comme une remplaçante de ‘Stranger Things’. Je pense que lorsqu’ils ont examiné tous les aspects financiers, la série était plus chère à produire qu’ils ne le pensaient.”
En racontant sa vision des choses, Jonathan Entwistle écorche au passage l’image positive de Netflix, en termes de relation avec ses créateur·rice·s. L’époque des cartes blanches artistiques données aux auteur·rice·s quali, mais niches, à la The OA, est bel et bien terminée.