Ça y est, cette période de l’année est arrivée. Celle où on peut mater des programmes pas très glorieux sous prétexte que l’esprit de Noël est plus présent que jamais. Sans trop d’explications, on revoit nos exigences à la baisse et on enchaîne les téléfilms bien mielleux et prévisibles qui, avouons-le, sont légion pour peu qu’on zappe sur les chaînes de la TNT. Mais cette année, Netflix a son mot à dire. Si elle propose un énième volet gnangnan de sa saga The Christmas Prince, la plateforme inaugure une petite série norvégienne qui requiert votre attention.
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Dans Home for Christmas (ou Hjem til jul en VO) créée par Per-Olav Sørensen, le dépaysement est total. C’est au sein d’une bourgade typiquement scandinave (comprendre qu’on a l’impression d’être au cœur même d’une boule à neige) que vit Johanne, notre héroïne. Trentenaire et célibataire endurcie, elle est constamment tannée par sa famille qui la supplie de se caser fissa. À bout, Johanne annonce qu’elle a rencontré quelqu’un et qu’elle compte leur présenter au prochain repas de Noël. Le compte à rebours est alors lancé : la jeune femme a tout le mois de décembre pour se dénicher un prétendant.
© Netflix
Alors oui, on vous voit venir. Ce pitch, on a l’impression de l’avoir déjà vu et revu des dizaines de fois. Ce qui n’est pas faux en soi. Mais avant de fustiger Netflix pour recycler un synopsis vieux comme le monde, il faut savoir une chose : Home for Christmas déjoue les pièges du genre et s’impose, en réalité, comme une comédie romantique éminemment moderne.
En grande partie, Johanne – rendue d’emblée sympathique grâce à son interprète, la charismatique Ida Elise Broch (Lilyhammer) – a tout d’une Bridget Jones norvégienne. Elle est seule, veut remédier à son célibat et, pour ce faire, se jette tête la première dans le monde du dating. Tous les moyens sont bons, du classique speed-dating aux applis de rencontres. En six épisodes d’une demi-heure, notre héroïne cumule les rendez-vous amoureux, lesquels se révèlent être très souvent désastreux (pour elle) et risibles (pour nous).
La différence avec les rom coms dont Hollywood nous a trop gavés, c’est que Johanne ne tombe pas illico sur le prince charmant plein aux as et à la plastique irréprochable. Au lieu de ça, notre trentenaire explore le champ des possibles et rencontre des profils bien différents, du sugar daddy friqué au minet tout juste majeur en passant par le mec a priori gentil qui se révèle être un pro du mansplaining. Un autre détail qui n’en est pas vraiment un est que l’orientation sexuelle de Johanne n’est jamais clairement définie, laissant la porte ouverte à des voies souvent inexplorées dans les comédies romantiques classiques.
© Netflix
La force de Home for Christmas réside aussi dans le fait qu’elle n’est pas uniquement focalisée sur la vie amoureuse de Johanne. Au gré de la saison, les personnages qui l’entourent gagnent en importance et ne sont pas là que pour cocher des cases inhérentes au genre. Et si la quête du big love est le moteur même de cette série scandinave, le message qu’elle véhicule est tout autre et pourrait davantage s’apparenter à la recherche d’un autre type d’amour : l’amour-propre. Lors d’une scène brève mais touchante, une proche de Johanne lui fait cette remarque : “être seule n’est pas la même chose que se sentir seule”. Et c’est bien là le propos de la série, en fin de compte.
Légère tout en étant forte dans son idée, Home for Christmas fait partie de ces petites séries que beaucoup risquent d’ignorer à tort. En dépit de son format relativement court, elle fait largement concurrence aux films à l’eau de rose maintes fois rediffusés et dépoussière un genre qui a clairement besoin de faire peau neuve (Virgin River, prends-en de la graine). Ce type de série lâchée sans prévenir en fin d’année, c’est peut-être ça le meilleur cadeau de Noël pour les sériephiles.
La première saison de Home for Christmas est disponible en intégralité sur Netflix.