Alors que les séries offrent de plus en plus de visibilité à la communauté LGBTQ+, seul un petit nombre d’entre elles sont véritablement positives dans leur représentation de l’expérience queer. Si beaucoup se concentrent encore trop souvent sur les challenges de la vie des personnages LGBTQ+ (harcèlement, rejet de la famille, etc.), Heartstopper vient souffler un vent de fraîcheur sur le paysage sériel en célébrant la joie d’être queer, en particulier pour la jeunesse.
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Le bonheur avant tout
Basée sur le webcomic éponyme d’Alice Oseman et centrée sur la relation amoureuse naissante entre Nick (Kit Connor) et Charlie (Joe Locke), Heartstopper propose une représentation de la vie LGBTQ+ pleine d’espoir et de positivité qui fait du bien. D’après Anthony Allen Ramos, vice-président chargé de la communication pour GLAAD — organisation spécialisée dans la surveillance des représentations LGBTQ+ dans les médias — c’est quelque chose dont la communauté a grandement besoin ces derniers temps :
“On vit dans un monde vraiment pesant et intense pour les jeunes LGBTQ+ en ce moment. Chaque jour, nous voyons le monde remettre en question ou vouloir défier les droits de ces communautés par le biais de législations ou autres”, explique-t-il.
“Cette série a le pouvoir d’inspirer la joie à notre jeune communauté, ce qui est plus important que jamais. Il est crucial pour les jeunes queers de voir des histoires comme celle-ci où la vie peut être amusante, excitante et agréable !”
Si les romcoms queers se font de plus en plus présentes à la télévision, en particulier sur les plateformes de streaming, on remarque bel et bien dans Heartstopper une volonté de concentrer le récit sur le positif. Contrairement à Love, Victor, disponible sur Disney+ et qui met en scène un jeune homme gay confronté à la difficulté de faire son coming out, Heartstopper nous présente la plupart de ses personnages après que les épreuves difficiles se sont déroulées.
La série ne cache pas que Elle (Yasmin Finney) et Charlie ont été victimes de harcèlement scolaire mais elle choisit de ne pas faire de ces challenges ce qui définit ces personnages. Bien au contraire, elle utilise ces éléments de leur passé pour mettre davantage en lumière le bonheur qu’il et elle ressentent à présent.
Pour Anthony Allen Ramos, cette représentation positive de la vie des jeunes LGBTQ+ est essentielle et il souhaite que montrer à l’écran ces personnages prospérer et vivre des vies heureuses et épanouissantes devienne de plus en plus la norme.
“Bien que la lutte pour notre communauté fasse toujours partie de notre histoire, il est nécessaire de mettre l’accent sur le côté positif pour que le public ait une meilleure compréhension de la communauté LGBTQ+.”
Aller plus loin dans la représentation
Heartstopper ne se contente pas de présenter la jeunesse LGBTQ+ sous un jour positif mais apporte aussi plus d’inclusivité à des aspects moins souvent visibles à l’écran de la communauté queer. Ainsi, l’un des arcs narratifs les plus touchants de la série est le parcours de Nick vers l’acceptation de sa bisexualité. Selon Anthony Allen Ramos, il est important de noter que la représentation des personnes bisexuelles demeure moins prévalente au cinéma et à la télévision qu’elle ne l’est pour les personnages gays et lesbiens.
“Cette représentation est essentielle pour comprendre cette partie de notre communauté, et voir plus de personnages qui s’identifient comme bisexuels, en particulier de jeunes personnages, est nécessaire pour favoriser l’acceptation”, souligne Anthony Allen Ramos.
Un autre aspect clé pour le jeune public de la série est la présence dans Heartstopper d’un enseignant, lui-même queer, qui apporte un soutien non négligeable à Charlie alors qu’il navigue sur les eaux troubles de l’adolescence. À travers le monde, de nombreuses voix conservatrices s’élèvent contre un enseignement ouvert aux questions LGBTQ+ en milieu scolaire. La présence de M. Ajayi (Fisayo Akinade) au côté de Charlie est donc des plus importantes selon Anthony Allen Ramos :
“Les écoles sont devenues un champ de bataille en matière de droits LGBTQ+. J’espère que voir une histoire comme celle-ci dans Heartstopper aidera la société dans son ensemble à se rendre compte que les jeunes LGBTQ+ devraient se sentir soutenu·e·s et encouragé·e·s à être qui ils et elles sont, en particulier à l’école.”
La plupart des membres de la production et du casting de la série sont d’ailleurs eux-mêmes membres de la communauté LGBTQ+, un choix qui, pour Anthony Allen Ramos, est essentiel pour créer une histoire la plus poignante et authentique possible :
“Les personnes LGBTQ+ ressentent des émotions très uniques et vivent des expériences spécifiques, et la seule façon de vraiment capturer ces moments et de les raconter avec précision, c’est que des personnes LGBTQ+ les portent à l’écran.”
La saison 1 de Heartstopper est disponible sur Netflix.