Reprendre une vie (pas si) normale
Neuf jours se sont écoulés depuis que l’armée a débarqué en fin d’épisode 3. La ville est bouclée, délimitée par des grillages, et ses habitants tentent de reprendre un semblant de vie normale. Travis fait du jogging et s’engueule avec sa femme. Nick replonge dans ses addictions et finit par piquer de la morphine à un blessé. Sa mère le prend en flag de recherche de médocs, perd la boule et se met à le tabasser.
Fear the Walking Dead a beau mettre en scène une apocalypse zombie imminente, elle le fait par le prisme de l’intime. Ces séquences rappellent que les Clark, famille recomposée et dysfonctionnelle, ont leur propre galère à gérer.
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L’armée, sauveuse et bourreau
Le lieutenant en charge de cette portion de Los Angeles assure que l’endroit est sûr dans un rayon de 10 km. Les Clark ont en fait plutôt de la chance dans leur malheur : ils habitent dans l’un des 12 lieux qui ont été sécurisés par les soldats. Ils n’ont pas besoin de s’enfuir. Youpi. Sauf que tout n’est pas si rose. Travis, plus ou moins élu “maire” de la ville, se rend vite compte que les décisions sont prises dans l’urgence, et manquent parfois de bon sens et d’humanité.
Un père de famille n’ayant pas su garder la tête froide est ainsi embarqué dans un QG, sans même en avertir sa famille. La scène du lieutenant jouant au golf dans la rue et répondant aux questions de Travis de façon ultra-désinvolte apparait d’ailleurs un poil clichée. Évidemment, le chef est forcément la pire des enflures, sinon c’est pas drôle.
L’épisode se termine par Nick, embarqué par l’armée dans ce fameux QG médicalisé, après que son vol de morphine ait été découvert. La scène de son arrestation, violente pour la famille, rappelle la puissance implacable de l’armée. On imagine bien ce genre de situation se produire IRL aux États-Unis. En filigrane, Dave Erickson et ses scénaristes interrogent leurs concitoyens sur le rôle de cette institution assez intouchable. C’est une des forces de ce show réaliste malgré son sujet “zombies” : il s’attaque régulièrement aux problématiques américaines contemporaines.
Dehors, le chaos
L’armée semble aussi à l’origine de dommages collatéraux. C’est ce que découvre Madison en s’aventurant au-delà de la zone safe. Elle découvre des rues jonchées de cadavres zombifiés mais aussi d’humains non-infectés. En filigrane, l’épisode pose la question : vaut-il mieux s’en remettre à une organisation qui peut faire de vous ce qu’elle veut, ou s’en affranchir et affronter seul le chaos extérieur ? La question n’est pas vraiment encore tranchée du côté des Clark.
Les personnages s’étoffent
Même s’il se fend encore d’un “It’s gonna be alright”, Travis se rend compte dans cet épisode que sa vision idéaliste de la vie se heurte à la réalité. Le bon samaritain commence à morfler. De son côté, Kim Dickens (Madison) a de belles scènes à défendre. Jouer les mères au foyer ne l’intéresse que très modérément. Son côté badass se dévoile un peu plus, au point que Daniel Salazar lui fasse promettre de protéger sa propre fille si lui ne le pouvait plus.
Rebelle, lucide mais présentant aussi de sérieuses failles (une violence qu’elle a du mal à contrôler), Madison est le personnage le plus intéressant du show jusqu’ici. De manière générale, cet épisode creuse un peu plus la psychologie des protagonistes. Seule Alicia reste un peu trop cantonnée à jouer les ados énervées.
Cette lumière au loin
Fear the Walking Dead ménage bien son suspens et son atmosphère délétère à travers une réalisation toujours très soignée. Nick a été embarqué par l’armée dans un lieu inconnu qui devrait nous être dévoilé dans les prochains épisodes. Chris, le fils de Travis, est le premier à remarquer un signal lumineux régulier venant d’un lieu censé avoir été nettoyé par l’armée. Sceptique, Travis réalise que son fils a raison.