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Traduction :
“Le mois dernier a été incroyablement difficile. Comme bon nombre de femmes, j’ai moi aussi une histoire d’agression sexuelle, et l’abondance d’histoires a agi comme un facteur déclencheur tout en m’épuisant émotionnellement. Je me suis creusé la tête encore et encore, incertaine de devoir prendre la parole. Et si jamais je le faisais, allait-on m’entendre ?
J’ai été agressée sexuellement il y a trois ans. C’était une période sombre de ma vie. Ma mère était en train de mourir d’un cancer et je n’avais ni le soutien ni le temps nécessaires pour me faire à cette idée tout en gérant les conséquences de ce viol. J’ai enfoui ma douleur et ma culpabilité pour faire place à la déflagration qui a accompagné le décès de ma mère, à peine trois mois plus tard.
Encore aujourd’hui, je lutte contre ce sentiment de culpabilité. Une inquiétude infondée qui me fait penser que, d’une certaine façon, j’étais à blâmer. Je ne sais pas d’où vient ce sentiment. Le conditionnement social faisant que tout est toujours la faute des femmes ? Que l’incapacité d’un homme à rester loin de nos corps est d’une certaine manière notre faute, et non la sienne ?
J’ai grandi considérablement en l’espace des trois ans depuis mon agression, mais me la remémorer est douloureux. S’y replonger et revivre cette nuit afin de partager précisément cet incident me semble comme une violation perpétuelle. J’ai l’estomac noué, je suis terrorisée de partager ça publiquement, étant donné que me reconstruire entièrement fut un processus difficile.
Je suis sortie pendant un temps avec un producteur qui était ami avec l’acteur Ed Westwick. C’est ce producteur qui m’a conduite au domicile d’Ed et me l’a présenté pour la première fois. J’ai voulu partir quand Ed a suggéré qu’on devrait tous baiser ensemble. Mais le producteur ne voulait pas mettre Ed mal à l’aise en partant. Ed a insisté pour qu’on reste dîner. J’ai dit que j’étais fatiguée et que je voulais partir, essayant de m’échapper d’une situation déjà bien gênante. Ed suggéra que j’aille faire une sieste dans sa chambre d’amis. Le producteur a dit qu’on resterait encore une vingtaine de minutes pour mieux faire passer la pilule et qu’ensuite nous pourrions rentrer.
Alors je suis allée m’allonger dans la chambre d’amis où j’ai finalement trouvé le sommeil. Je me suis fait réveiller brusquement par Ed, au-dessus de moi, ses doigts pénétrant mon corps. Je lui ai dit d’arrêter, mais il était fort. Je me suis débattue autant que je le pouvais, mais il m’a attrapé le visage, m’a secouée et m’a dit qu’il voulait me baiser. J’étais paralysée, terrifiée. Je ne pouvais pas parler, je ne pouvais plus bouger. Il m’a maintenue en place et m’a violée.
C’était un cauchemar et les jours qui ont suivi n’ont pas été mieux.
Le producteur a mis la faute sur moi, m’attestant que j’avais participé à l’acte. Il me disait que je ne pouvais dire quoi que ce soit parce qu’Ed enverrait des personnes après moi pour me détruire et que je pouvais faire une croix sur ma carrière d’actrice. Il me disait que ce n’était pas possible pour moi de dire qu’Ed m’avait “violée” et que je ne voulais pas être “cette fille”.
Et pendant très longtemps, je l’ai cru. Je ne voulais pas être “cette fille”.
J’ai maintenant conscience des façons dont ces hommes de pouvoir prennent pour cible les femmes et comment cette tactique est utilisée aussi fréquemment dans notre industrie, et sûrement dans bien d’autres.
Je suis dégoûtée de voir des hommes comme Ed être respectés du grand public ou interviewés par des plateformes prestigieuses comme l’Oxford Union Society à l’université d’Oxford, où il a été mis à l’honneur comme étant l’une des “personnes qui façonnent notre monde”. Comment mettre fin à tout cela ? Des hommes comme Ed utilisent leur notoriété et leur pouvoir pour violer et intimider, puis continuent à recevoir des éloges partout dans le monde.
J’espère que mon témoignage aidera d’autres personnes à prendre conscience qu’elles ne sont pas seules, qu’elles ne sont pas à blâmer et que ce n’est pas leur faute. De la même manière que les témoignages d’autres hommes et femmes m’ont aidée à réaliser ça. J’espère que mon histoire et les histoires des autres contribueront à remettre à zéro et réorganiser les inégalités de pouvoir et les environnements toxiques que ces monstres ont créés.”
À ce jour, Kristina Cohen est la première personne à accuser Ed Westwick de violences sexuelles. Ce témoignage glaçant laisse sans voix. Après une journée de silence radio, le principal concerné vient enfin de prendre la parole dans un post Instagram pour le moins succinct, où il nie en bloc les accusations portées à son égard.
“Je ne connais pas cette femme. Je n’ai jamais contraint une femme de quelque manière que ce soit. Je n’ai jamais commis de viol.”
On se retrouve donc dans un cas de figure bien trop courant, où c’est la parole de l’un contre celle de l’autre. On espère obtenir davantage d’informations dans les jours qui suivent.