“Daredevil va apprendre l’humilité”
Quelle est le plus grand challenge auquel fait face Daredevil dans cette deuxième saison : sa relation avec Karen, sa rencontre avec le Punisher, retrouver Elektra ?
C’est une combinaison de tout cela en fait. Dans la première saison, Daredevil n’avait qu’un seul problème : arrêter cet homme, Wilson Fisk. Il pensait que s’il arrivait à livrer ce type à la justice, tout le reste suivrait et cela apporterait la paix dans le quartier. Il était obsédé.
Cette saison, les problèmes débarquent de tous les côtés. Il y a Frank Castle, Elektra, les Irlandais, les Dogs of Hell… Matt est tiraillé entre toutes ces directions. Son arrogance lui fait penser qu’il peut brûler la chandelle par les deux bouts, qu’il peut se battre toute la nuit et assurer au tribunal en tant que Matt Murdock le jour.
C’est beaucoup trop pour un seul homme et cela devient ingérable. C’est probablement le plus challenge pour lui cette saison. Il va apprendre à faire preuve d’humilité. Son ego va en prendre un coup et il va enfin arriver au moment où il reconnaît qu’il a besoin d’aide.
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“Il fait tellement chaud dans le costume de Daredevil !”
Physiquement, Daredevil semble encore plus fort que dans la saison 1. Qu’en est-il de Charlie Cox ?
J’adore les scènes de combat. C’est vraiment très fun à réaliser. On a tourné une nouvelle scène en plan séquence dans cette saison 2, quasiment un an après celle de la première saison. C’était vraiment cool car cette fois, j’ai pu faire plus de choses. J’ai appris, je me suis entraîné et je suis meilleur dans ces scènes qu’il y a un an.
Ce qui est dur à gérer, c’est que cette année, je combats en costume. Et aussi cool qu’il puisse paraître, mon Dieu, il fait tellement chaud là-dedans ! [Rires.] C’est incroyable.
Je ne devrais pas vous dire ça mais dans l’épisode 4 de la saison 2, Frank discute avec Daredevil et lui raconte un peu son histoire. Sur cette scène, mon job en tant qu’acteur consiste à l’écouter. Mon personnage représente le public à ce moment-là.
Un producteur est venu me voir après cette scène et m’a chaudement félicité. Je lui réponds alors : “Hein, mais je n’avais rien à faire !”, et il me dit : “Mais au moment où il fallait, tu as versé une seule larme qui coule le long de ton visage, c’est génial !” Et là je me dis “ha bon ?”. Je m’en serais souvenu quand même. Et en regardant les rushs, je vois effectivement cette fameuse larme et je me dis que j’ai dû me sentir vraiment connecté avec Jon.
Après coup, je me souviens qu’avant cette scène, on a dû monter sur cette colline et je n’arrêtais pas de transpirer ! Des gouttes de transpiration coulaient partout, et on aurait dit que je pleurais. Si jamais je gagne un Emmy gagne à cette scène, ce sera une vraie imposture ! [Rires.]
Pensez-vous que le Punisher et Daredevil pourraient coexister à Hell’s Kitchen ?
Mon instinct me dit non. Je pense que Matt ne pourrait pas continuer à être Daredevil si Frank pouvait continuer à opérer de la façon dont il le fait en début de saison 2. Dans ce monde, Matt ne le supporterait pas. Il a pu se réconcilier avec lui-même, avec ce qu’il est et ce qu’il fait. Il a fait la paix avec ses démons car il a tracé une ligne infranchissable. Ce n’est pas négociable : il ne tue pas les gens.
Il ne peut donc pas laisser le Punisher faire ce qu’il veut. Sinon, Karen Page aurait raison quand elle lui dit que Daredevil a ouvert la voix pour des gens comme lui. Si Daredevil pouvait tuer, ça ferait de lui une sorte de dieu, et ce n’est pas possible pour Matt.
“Les super-héros sont une version moderne des contes de fée”
Marvel’s Daredevil parle d’un quartier, Hell’s Kitchen, en pleine mutation. Étiez-vous familier avec son histoire ?
J’ai grandi dans les années 1980, donc dans ma mémoire, Hell’s Kitchen était un endroit très cher et agréable, avec tous ses coffee shops [rires]. Je sais que ce n’est pas du tout ainsi que la plupart des habitants se souviennent de ce quartier.
Pour moi, les super-héros sont une version moderne des contes de fée. On peut s’identifier, louer leurs actions héroïques et les voir triompher de l’adversité. Quand on est enfant ou jeune adulte, ces histoires sont là pour rappeler qu’on peut se transcender, faire quelque chose de grand ou de purement désintéressé. Voilà de quoi parlent vraiment ces comics. Nous pouvons nous identifier à ces “forces du bien”. Dans cette optique, c’est intéressant de les voir tenter de sauver un quartier. C’est plus facile de s’identifier à cela que quand ils doivent sauver le monde.
Les problèmes du monde paraissent aujourd’hui tellement insolubles et incontrôlables qu’on peut se poser la question de notre utilité et se dire qu’en tant qu’individu, on ne peut rien faire. Eh bien, je pense que c’est faux. Daredevil n’a pas de grands pouvoirs. Il gère les problèmes les uns après les autres, livre à la justice un bad guy après l’autre. Et il fait une différence.
Je suis peut-être un peu candide, mais j’espère que les jeunes qui regardent cette série se diront : “que puis-je faire aujourd’hui pour rendre mon monde meilleur ?”
“La plus grande des leçons de vie, c’est quand on réalise qu’on a besoin les uns des autres”
“À force d’incarner Daredevil, j’ai compris pourquoi Christian Bale a une voix aussi grave dans Batman”
Votre voix semble un peu plus grave cette saison par rapport à la première.
Oui, c’est possible. Ça dépend avec qui je joue. Dans la série, Daredevil devient de plus en plus célèbre dans son quartier. Il a donc plus de risques de voir son identité révélée. Et puis Frank rencontre Matt. Daredevil doit donc être de plus en plus prudent. Marvel ne voulait pas que j’aille dans un registre trop bas, pour ne pas tomber dans ce qu’ils appellent “la version Batman”. [Rires.] À force d’incarner Daredevil, j’ai compris pourquoi Christian Bale fait ça. Je l’admire vraiment d’ailleurs.
La plupart des répliques que l’on a en tant que super-héros, c’est pour intimider. Elles sont agressives et très courtes : “Où est-il ?”, “Donne moi son nom !”, “Pour qui tu travailles ?” C’est juste impossible de faire ça avec une voix normale ! Ça semblerait ridicule. [Rires.] Quand j’attrape un type, que je le plaque contre un mur et que je dois dire ma réplique, évidemment que j’ai envie de crier “Grrrrr” avec ma voix la plus grave ! Ça ne peut pas sortir autrement. Mais c’est quelque chose que j’essaie de contrôler, pour ne pas trop en faire.
Netflix garde ses audiences secrètes. Est-ce un avantage ou un inconvénient selon vous ?
Si la série est un énorme hit, je veux bien le savoir. [Rires.] Mais c’est un peu à double tranchant. Vu la façon dont le business fonctionne, et au regard des avancées de ma carrière, cela fait une différence si je suis dans un succès d’audience. Mon agent peut utiliser ces chiffres pour m’obtenir un rôle important.
Cela dit, je pense fondamentalement qu’il est plus sain pour l’industrie de ne pas dévoiler les chiffres. Les gens sont influencés par les chiffres, et ces derniers ont tendance à ne pas être représentatifs de la qualité d’une série. J’ai vu des films fantastiques échouer au box-office à cause des chiffres du premier week-end. Cela a plus à voir avec le temps ou la campagne de pub qu’avec la qualité du film. C’est ridicule.
Stardust, en 2007, est un très bon exemple. J’en ai beaucoup souffert car le film est arrivé aux États-Unis avec de très bonnes critiques. C’était très sophistiqué pour un film destiné aux enfants. On m’arrête souvent dans la rue pour me féliciter de ce film. Aux États-Unis, ils ont réalisé qu’ils avaient mal marketé Stardust. Un mois plus tard, le film était un succès en Angleterre avec une nouvelle tagline incluant le mot “conte de fée”. Ce genre de choses se reproduit tout le temps.
En ne dévoilant pas de chiffres, Netflix oblige les gens à écouter l’avis de leurs amis, à tenir compte du bouche à oreille, et tout simplement à choisir soi-même si on veut regarder tel ou tel film.