Qu’on la trouve dispensable ou tout le contraire, la saison 2 de Big Little Lies s’est imposée, sans surprise, comme l’un des must-see de la période estivale. Grâce à la présence de la toute-puissante Meryl Streep, ça va de soi, mais pas que. Néanmoins, il n’empêche que cette seconde cuvée laisse un étrange arrière-goût, avec une réalisation qui paraît parfois décousue. Dans un de ses récents articles, le média IndieWire lève le voile sur les coulisses mouvementées de la série primée de HBO.
À voir aussi sur Konbini
Si la saison inaugurale de Big Little Lies était menée d’une main de maître par son réalisateur Jean-Marc Vallée, son second tour de piste, lui, a été géré par une tout autre personne. C’est en effet Andrea Arnold, connue notamment pour ses longs-métrages Fish Tank et American Honey, qui devait se charger de la réalisation et de la photographie de cette saison 2. Et c’est ce qu’elle a fait, en partie, avant d’être tout doucement évincée de son poste lors de la postproduction.
© HBO
Comme l’expliquent plusieurs sources à IndieWire, Andrea Arnold avait été choisie par HBO pour prendre le relais de Jean-Marc Vallée, qui était déjà occupé par Sharp Objects. La réalisatrice britannique aurait ainsi dû avoir carte blanche pour concevoir cette saison 2 selon ses envies. C’est en tout cas ce qu’on aurait vendu à la principale intéressée, avant que l’affaire ne se complique.
Il faut savoir que la majorité des séries sont munies d’une bible, soit d’un ensemble de règles définies que tout réal’ doit suivre pour maintenir une consistance visuelle à travers les épisodes. En prenant en compte que Big Little Lies n’avait pas de bible de ce genre, Andrea Arnold était d’autant plus libre de laisser libre cours à son inspiration. Sur le tournage, tout se passe a priori bien. Les actrices du show font l’éloge de leur réalisatrice sur les réseaux sociaux, attestant de la bonne atmosphère ambiante.
Une fois la production achevée, HBO autorise Andrea Arnold de s’attaquer au montage des scènes à Londres, chez elle, avec une équipe européenne pour l’épauler. C’est alors là, vers fin 2018, que ça commence à déraper. Tandis que la réalisatrice et sa team n’ont même pas fini d’assembler un épisode, Jean-Marc Vallée revient sur le projet, ayant bouclé son travail sur Sharp Objects. Il entame un montage parallèle chez lui, à Montréal, et programme par la suite 17 jours de tournage additionnels.
© HBO
Petit à petit, Andrea Arnold se voit éclipsée alors que Jean-Marc Vallée reprend les rênes de Big Little Lies. Plusieurs passages filmés – des plans apparemment plus intimistes, qui favorisent la profondeur des personnages plutôt que l’intrigue directe – par la réalisatrice londonienne finissent à la poubelle. Des scènes de Vallée viennent les remplacer afin de maintenir une cohésion visuelle par rapport à la saison 1. Au bout du compte, 11 personnes différentes ont été créditées au montage.
Pour peu qu’on prenne du recul sur la situation, on remarque d’emblée l’ironie du sort : Big Little Lies, une série ouvertement féministe dans son propos avec un casting composé de grandes actrices adoubées par Hollywood, se permet d’écarter sa toute première réalisatrice pour laisser un homme reprendre les commandes. HBO s’est exprimée sans trop se mouiller, assurant que la chaîne était “fière du travail d’Andrea Arnold” et que les producteurs exécutifs avaient travaillé “de façon collaborative”.
Pour l’heure, aucune actrice de la série n’a pris la parole pour démêler le vrai du faux de cette polémique, de même qu’Andrea Arnold refuserait de communiquer là-dessus. Certaines sources proches de cette dernière laissent entendre qu’elle serait “dévastée” par cette expérience qu’on peut aisément qualifier d’humiliante.
La saison 2 de Big Little Lies est diffusée sur OCS en France en US+24.