Créée pour Netflix par Andrew Hinderaker (qui a fait ses armes sur Penny Dreadful en tant que scénariste), et coproduite par Jason Katims (fournisseur officiel de nos plus belles émotions en séries avec Friday Night Lights et Parenthood), Away était la promesse d’un drame intime dans l’espace. Le rêve d’un ailleurs, loin de la Terre, est, il faut bien le dire, assez tentant en ce moment.
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Malheureusement, la série Netflix ne sera pas la distraction espérée. Elle aurait pu être une catharsis intéressante : on peut difficilement faire plus “distanciation sociale” qu’un équipage de cinq personnes propulsé à quelques millions de kilomètres de la Terre. Mais, là aussi, elle échoue en nous rattachant constamment à la planète bleue.
Away, c’est l’histoire de cinq astronautes en mission pour Mars : l’Américaine Emma Green (Hilary Swank), commandante à bord ; l’Indien Ram Arya (Ray Panthaki), son second ; Lu Wang (Vivian Wu), la chimiste chinoise ; l’ingénieur russe Misha Popov (Mark Ivanir) ; et enfin le Britannique et botanique Kwesi Weisberg-Abban (Ato Essandoh). Chaque membre de l’équipage a amené dans son voyage quelque chose lui rappelant la Terre.
Parmi ceux qui sont restés au sol, Matt, le mari d’Emma, incarné par Josh Charles. Lui aussi est astronaute, et lui aussi aurait rêvé de s’envoler. Mais il est atteint d’un angiome caverneux, une malformation vasculaire cérébrale. En d’autres termes, il a une bombe à retardement dans le crâne. Et, comme si Emma ne culpabilisait pas déjà assez comme ça de les laisser, lui et leur fille Cassie, sur le plancher des vaches, elle porte aussi en elle l’angoisse que l’état de santé de celui qu’elle aime se détériore. Ajoutez à cela le fait que leur adolescente couve une dépression et vous obtenez les ingrédients d’un vrai drame familial. En théorie surtout.
À des années-lumière de nous divertir
© Netflix
Away se présente comme une série profonde et introspective sur l’abnégation, le leadership, la solitude et ce qu’on laisse derrière soi (ou plutôt, en bas, sur Terre) quand on part pour une telle mission. Hélas, elle n’atteint jamais totalement son but, tout ensevelie qu’elle est sous des conventions du genre ultra-usées. Ce n’est pas faute, pourtant, d’essayer de tirer toutes les ficelles possibles pour nous émouvoir. Mais dès le premier épisode sur les dix que compte cette saison 1, c’est hélas l’ennui qui prédomine, et l’impression des débuts se confirme par la suite.
Elle possède pourtant un casting impeccable, et son réalisme est saisissant. Mais elle navigue aussi sur un terrain déjà surpeuplé : les drames spatiaux du genre sont légion. Elle suit de quelques mois la sortie de la série For All Mankind d’Apple TV et, avant ça, des films comme Ad Astra ou encore Proxima, pour ne citer qu’eux.
Malgré tous ses efforts pour nous intéresser aux passés et trajectoires de ses personnages, Away n’apporte rien de nouveau. Elle utilise des tropes vus et revus, comme cette drôle d’illusion que, dans l’espace, les frontières géopolitiques s’effacent pour laisser place à une collaboration internationale.
Mais, plus embêtant encore, elle choisit, pour structure narrative, d’adopter une formule répétitive des plus classiques. Chaque épisode est construit comme suit : l’arche principale est centrée sur Emma et ses histoires familiales, une des sous-intrigues se concentre sur un des autres membres du vaisseau par le biais de l’objet qu’il ou elle a amené à bord, et l’autre sous-intrigue implique un incident technique dans le vaisseau. Difficile, dès lors, d’insuffler de l’énergie ou des éléments de surprise à son récit – bien trop concentré à nous soutirer quelques larmes – quand ce dernier est aussi bien calibré. Away est peut-être belle, très bien jouée en tirant sur notre corde sensible, mais elle peine à remplir son rôle premier : nous divertir.
La saison 1 d’Away est disponible sur Netflix.