Arrow se porte mieux quand elle adopte un ton plus sombre, que Felicity n’est pas au centre de l’intrigue amoureuse et que les méchants ont de la gueule. Attention spoilers.
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Première série du Berlantiverse commandée par la CW en 2012, Arrow commençait à s’essouffler en saison 4. La faute à un antagoniste pathétique, des intrigues amoureuses ennuyeuses et des flashbacks rébarbatifs. On trouvait même que son spin-off, The Flash, l’avait dépassé à force de courir toujours plus vite, toujours plus loin. Heureusement, la saison 5 apporte son lot de bouleversements. Une occasion rêvée pour les créateurs de la série de nous prouver qu’Arrow a plusieurs cordes à son arc.
À la fin de la saison 4, la team d’Oliver a été dissoute. Diggle s’est réengagé dans l’armée, Thea se complaît dans son poste à la mairie, Laurel est morte et la “olicity fever” est officiellement terminée. Bref tout est à refaire pour le Green Arrow, autant pour le personnage que pour la série dans son ensemble. Et c’était la meilleure chose qui pouvait arriver au justicier de Star City.
Nouvelle team, plus de fun
Dans les séries de super-héros, il y a toujours un passage éphémère mais terriblement excitant pour le spectateur : l’entraînement du héros. Les premières saisons d’Arrow avaient pris ce parti. On suivait la relation entre Diggle et Oliver évoluer, au fur et à mesure qu’ils se mettaient sur la gueule pour remplir la liste de Robert Queen et augmenter leur masse musculaire. L’action était à son comble et Felicity nous faisait marrer avec ses réactions de geek coincée quand elle admirait Oliver faire ses tractions.
En saison 2, on assistait aux arrivées successives d’Arsenal puis de Speedy qui relançaient ce gimmick de narration de la phase d’entraînement. La saison 5 d’Arrow entretient cette tradition avec Wild Dog, Artemis, Mister Terrific et Ragman. Les quatre remplaçants galèrent, se font dérouiller par le Green Arrow, sombrent parfois dans des stéréotypes affligeants (Curtis est le vanneur, Rene l’éternel rebelle intrépide) mais l’alchimie prend : on retrouve goût à explorer l’univers riche et bien fourni de DC Comics à travers les protagonistes d’Arrow.
De plus, Felicity, reléguée à son poste d’Overwatch derrière son écran, a un nouveau boyfriend. Alléluia ! Ses joutes et dialogues mielleux voire ridicules avec Oliver sont hors du ring. Elle paraît ainsi moins peste et réduit les sempiternelles pénibles scènes où Stephen Amell porte son regard vers l’horizon comme s’il voyait à travers elle. Le tout est moins cucul la praline et le personnage de Felicity regagne de l’intérêt. Et quel plaisir d’entendre Oliver ponctuer à l’ancienne chaque nouvel affrontement par “vous avez trahi cette ville”.
Dark mais pas Darhk
Si Arrow n’a pas la complexité et la profondeur scénaristique de The Flash pour se démarquer, elle a en revanche un univers plus mélancolique, plus sombre et plus terre à terre. Les scénaristes semblent enfin avoir compris que les fans préfèrent la cruauté et la brutalité de Deathstroke à l’introduction mal négociée de la magie de Damien Darhk. Au final, la seule bonne idée de la saison 4 était de tuer Darhk et Laurel Lance. Bravo, vous avez au moins fait d’une pierre deux coups.
Deuxième belle manœuvre des scénaristes : reprendre un méchant froid et imprévisible façon Slade Wilson avec Tobias Church. Au passage, ils ont casté Chad Coleman qui avait fait ses preuves en incarnant Tyreese dans The Walking Dead. Un acteur efficace, assez sobre mais suffisamment émotif pour ne pas avoir le même jeu unidimensionnel et risible de Neal McDonough (qui était bien plus convaincant dans Suits et Minority Report).
Au niveau de l’histoire principal, on tourne toujours un peu rond. Tobias Church débarque en ville et tente de tout faire péter pour devenir le parrain de la pègre. Déjà vu, mais toutes les petites intrigues qui gravitent autour ont du potentiel. Oliver, dont les spectateurs s’étonnent de moins en moins d’apprendre que tout le monde finit par connaître sa double identité, doit jongler entre ses fonctions de maire et de justicier.
Les scènes au sein de la mairie de Star City et de bataille pour le pouvoir ne sont pas au niveau de House of Cards — ce n’est pas ce qu’on demande à la série — mais il est intéressant d’observer l’évolution de la ville selon les agissements du héros. Ou simplement de se marrer en voyant les difficultés que rencontre Oliver, comme dans l’épisode “A Matter of Trust” où il demande carrément à ne plus avoir de sécurité rapprochée pour éviter de mettre ses gardes du corps en danger.
De son côté, Felicity est perturbée par les conséquences de ses actes de la saison passée. Elle doit affronter quotidiennement le regard de Rory, qui a perdu son père dans l’explosion d’Havenrock. Quant à Diggle, qui avait perdu en intérêt et en crédibilité avec son alter-ego Spartan, il retrouve paradoxalement de sa superbe en affrontant le deuil de son frère. En proie à des hallucinations, une mini-trame se développe autour de son personnage, bien plus captivante que les flashbacks redondants d’Oliver.
L’erreur de Barry aura-t-elle des répercussions ?
La saison 5 d’Arrow n’est pas exempt de lacunes. L’esthétique des costumes des nouveaux personnages est inégale : Wild Dog et son masque de hockey déchirent, tandis que la tenue de “sado-maso” de Curtis laisse à désirer. Evelyn Sharp paraît pour le moment assez inutile, alors qu’elle est la seule force féminine en présence dans la nouvelle team Arrow, si on ne prend pas en compte Felicity. Enfin, les flashbacks continuent de lasser et auraient vraiment dû s’arrêter après les épisodes sur l’île de Lian Yu.
Pour le moment, le Green Arrow a rempli son carquois de bonnes idées et de belles surprises. Toutefois, il reste un danger en suspens : le méga-crossover entre toutes les séries du DCverse, surtout par rapport à l’histoire de The Flash. La timeline Flashpoint, générée par le voyage dans le temps de Barry, devrait affecter Arrow pour que les séries gardent une cohérence exemplaire. Or, les conséquences de cet événement sur l’intrigue d’Arrow sont vraiment obscures.
Dans l’épisode “Paradox” de The Flash, Barry rend visite à Felicity pour prendre connaissance des changements à Star City. Le speedster remarque vite que les conséquences sont minimes. La seule fluctuation perceptible, c’est la petite Sara Diggle qui est devenue un garçon, John Jr. Attendez, c’est tout ?!
Du coup, on est en droit de s’attendre au pire quand aux chamboulements du crossover, prévue pour le 8e épisode. Katie Cassidy, qui incarne Laurel Lance, est d’ailleurs annoncée au casting. Le retour de son personnage pourrait bouleverser ce nouvel équilibre qui fonctionne pourtant bien. Pire, Greg Berlanti et ses confrères à la tête de Supergirl et de Legends of Tomorrow pourraient choisir de reset toutes les intrigues pour se faciliter la tâche de la cohérence.
Avec Arrow, on ne veut pas remonter dans le temps, car c’est dans son univers sombre et torturé qu’elle se débrouille le mieux, à l’abri des Kryptoniens, des méta-humains et des voyages dans le temps. Le Green Arrow est humain, et c’est à hauteur d’homme qu’il doit se battre pour paraître réaliste et remonter la pente. Messieurs Berlanti, Guggenheim et Kreisberg, s’il vous plaît, ne nous obligez pas à vous reprocher d’avoir trahi cette série.