Le rappeur Shad nous fait découvrir la genèse du hip-hop avec les pionniers du genre, arpentant les ghettos du Bronx à la recherche d’anecdotes croustillantes.
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Si un bon nombre d’abonnés déplore le manque de films récents dans le catalogue Netflix, la faute à une législation française autoritaire sur le streaming, la plateforme américaine regorge de documentaires captivants. En décembre 2016, l’une de ses petites pépites a surgi sur l’interface des programmes originaux : Hip-Hop Evolution. Un docu-série fascinant qui retrace l’histoire du hip-hop, des galères de la rue à l’industrie ultrapopulaire qu’elle est devenue aujourd’hui.
Découpée en quatre parties, la première saison de Hip-Hop Evolution revient sur plus de vingt ans d’histoire et d’anecdotes surprenantes de la part des ténors de ce genre musical : Grandmaster Flash, Kool Herc, Russell Simmons… Tout comme The Get Down, la série de Baz Luhrmann, cette exploration débute au cœur du Bronx dans les années 1970. Une époque marquée par la musique disco et les inégalités raciales aux États-Unis.
Une époque où, paradoxalement, New York bouillonne de rage et de créativité alors que ses boroughs les plus pauvres tombent en ruines. Le docu-série est narré et commenté par le rappeur canadien Shad, qui fait le lien entre les différentes interviews des pionniers du hip-hop. Pour vous donner un aperçu du travail de recherches et d’archives impressionnant réalisé par le collectif Banger Film, nous vous proposons les cinq meilleures anecdotes à retenir de cette œuvre fascinante.
#5. L’origine du mot “breakdance”
Dans les années 1980, le terme “breakdancer” renvoyait aux danseurs qui bougeaient au sol et tournaient dans tous les sens. Leur souplesse légendaire leur a valu ce nom de “breakdancer” comme s’ils cassaient leurs os au cours des spin moves. Dans le premier épisode de Hip-Hop Evolution, l’activiste Kevin Powell nous apprend qu’il s’agit d’une mauvaise blague et que le terme “breakdancer” est plus vieux que ça.
Les danseurs étaient appelés de cette manière, car contrairement aux amateurs du disco, ils dansaient sur les rythmes des “breaks” des morceaux. Ces mêmes “breaks” qu’a inventé Grandmaster Flash en créant des boucles de rythme à l’aide de deux vinyles. Il s’agit d’ailleurs du même DJ qui a inspiré Shaolin Fantastic dans The Get Down. Le personnage ressemble véritablement à Joseph Saddler, tant au niveau du style vestimentaire que de sa manière de scratcher les vinyles.
#4. Le blackout de 1977 a engendré les MCs de demain
Le blackout de 1977 aura un air de déjà-vu pour les fans de The Get Down. C’est exactement ce qui se passe dans l’épisode 3 alors que New York est en proie à une intense vague de chaleur. Dans la nuit du 13 juillet, les plombs sautèrent dans toute la ville, plongeant la Grosse Pomme dans le noir le plus total. Les DJ et rappeurs en herbe vont alors profiter de cette catastrophe pour piller tous les magasins de musique et d’électronique.
Platines, micros, tables de mixage… Tout y passe et les casseurs auront par la suite tout le loisir de parfaire leur art sur un équipement acquis de manière peu conventionnelle. Dans The Get Down, Zeke et ses amis en profiteront également pour s’emparer des enceintes et des platines dont ils ont besoin.
#3. Grandmaster Flash and The Furious Five fut le premier groupe de hip-hop médiatisé à l’international
Si vous pensiez que A Tribe Called Quest était l’un des premiers crews de hip-hop, c’est raté. Bien avant Q-Tip et ses potes, Grandmaster Flash avait réuni autour de lui cinq rappeurs montants : The Kidd Creole, Keith Cowboy, Rahiem, Melle Mel et Scorpio. À la fin des seventies, les six hommes se sont envolés pour une tournée internationale aux quatre coins du monde. Une expérience incroyable pour ces musiciens qui n’avaient jamais quitté leur Bronx natal, et une opportunité inespérée de faire écouter leur art au monde entier.
Dans un parfait hommage à ce groupe de légende et à son titre phare “The Message”, réalisé en réponse au très controversé “Rapper’s Delight” du Sugarhill Gang, Shaolin Fantastic et les kids de The Get Down se font appeler les Fantastic Four Plus One. En vérité, ces deux noms de groupe puisent leur inspiration dans le Funky Four Plus One, un crew de hip-hop mené par une rappeuse et dont Rahiem faisait partie avant de rejoindre le Grandmaster Flash and the Furious Five.
#2. La chanteuse Blondie a popularisé le hip-hop chez les Blancs
À la fin des années 1970, la concurrence entre les DJ du Bronx et de Harlem est rude. Les block parties se développent et rapidement certains pionniers comme Grandmaster Flash décident de proposer leur son à la population blanche du centre-ville. Le seul public qui accepte d’écouter cette nouvelle tendance s’avère être… les fans de punk rock, un genre lui aussi alternatif d’un courant musical démocratisé. Au détour d’une de ces soirées, le DJ fait la rencontre d’une certaine Deborah Harry, porte-étendard du groupe Blondie.
En 1980, la chanteuse sort le titre “Rapture” qui fait l’éloge de Grandmaster Flash. Le clip expose également la street culture et l’art du graffiti aux yeux du grand public. “Rapture” devient la première track comportant du rap à atteindre la première place des charts américains. Dans la suite de The Get Down, Zeke et ses potes risquent de rencontrer des stars montantes de la new wave, notamment par le biais de Mylene.
#1. La naissance du morceau controversé “Rapper’s Delight”
Il est considéré comme le premier morceau hip-hop de l’histoire, excepté par les pionniers du genre qui s’en sont insurgé à sa sortie. On l’a tous entendu à différentes sauces, des Beastie Boys aux spots télé d’Évian en passant par la terrifiante version de Las Ketchup. Le tube du Sugarhill Gang, “Rapper’s Delight”, cache une histoire des plus anodines.
Alors en déroute, la chanteuse et productrice Sylvia Robinson découvre le hip-hop dans une soirée du Bronx. Sentant le potentiel commercial derrière ce nouveau mouvement, elle décide d’engager trois rappeurs pour populariser le genre et créer un tube. C’est dans une pizzeria du New Jersey qu’elle fera la rencontre de Wonder Mike, Master Gee et Big Bank Hank, trois rappeurs en herbe.
Pour Grandmaster Flash et consorts, les trois paroliers ne seront que des frimeurs ayant créé ce que Grandmaster Caz décrit avec amour dans Hip-Hop Evolution par l’expression “piece of shit”. Il faut dire que le DJ était vénère de voir Big Bank Hank reprendre ses paroles dans “Rapper’s Delight”, le vol de lyrics étant considéré comme le plus terrible des affronts envers un MC.
La saison 1 de Hip-Hop Evolution est disponible en intégralité sur Netflix.