On pensait avoir atteint le sommet de la montagne, mais il semble que le nombre de séries proposées aux États-Unis continue de grimper.
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La période des fêtes étant propice aux bilans, chaque fin d’année, le président de la chaîne FX John Landgraf présente ses conclusions sur la saison écoulée et ses prévisions pour celle qui vient. C’est lui qui, en 2015, a pour la première fois prononcé l’expression “Peak TV” devant un parterre de journalistes du TCA (Television Critics Association) Press Tour. Il avait alors prédit que le nombre croissant de séries diffusées sur le petit écran américain ou sur les plateformes de streaming (Netflix, Amazon, Hulu) atteindrait un pic en 2016.
Une bulle créative qui, arrivée à son paroxysme, devrait bien finir par éclater, l’économie entière de cette industrie ne pouvant soutenir indéfiniment une telle expansion. Eh bien, c’est officiel : en 2017, les sériephiles auront encore moins de vie sociale qu’en 2016 ! John Landgraf est en effet revenu sur ses prévisions passées pour y apporter de nouvelles données. Entre 2015 et fin 2016, le nombre de séries américaines diffusées (tous canaux confondus) est passé de 421 à 455, comme le montre ce graphique qui résume parfaitement la situation.
Et selon le grand manitou de FX — dont les conférences de presse sur l’état de la télévision US sont toujours appréciées des journalistes —, en 2017, ce sera pire ! La bulle, plutôt que d’éclater comme prévu, continue d’enfler : “Il semble à présent que le pic sera, au minimum, atteint en 2017. Et le phénomène d’inertie est tel que l’on peut très bien entrevoir une croissance jusqu’en 2018.” Concrètement, chers/chères sériephiles, ça veut dire que nous n’avons jamais eu autant de choix (ce qui est plutôt cool), mais aussi que des séries lancées cette année ont proportionnellement moins de chances de rester à l’antenne (ce qui est moins cool). C’est connu : trop de choix tue le choix. Et avec un éclatement du public, les séries, même les plus populaires, font moins d’audience.
Le téléspectateur, face à cette abondance d’histoires et de manières différentes de les consommer, se fait son programme à la carte. Il devient plus volatile et, parce qu’il y a une centaine d’autres séries qui lui font de l’œil, il s’attarde moins avec celles qui ne le convainquent pas d’emblée. Les chaînes deviennent frileuses, commandent moins d’épisodes par saison, annulent au premier signe de faiblesse et font des millions de fans orphelins. Le sériephile de 2017, s’il veut tenir le coup et continuer de voir ses amis et sa famille une fois de temps en temps, va devoir faire des sacrifices. Même pour nous critiques professionnels, cela fait belle lurette que l’on n’arrive plus à tout voir au moment où c’est diffusé.
Heureusement, il y a quelques périodes de relâche : la télé US est actuellement en phase d’hibernation durant les fêtes de fin d’année, le moment idéal pour rattraper tout ce qu’on n’a pas pu regarder avant. Au 31 décembre, le critique séries aura ingurgité une petite centaine de séries durant les douze derniers mois. Un sacrifice auquel on se plie volontiers pour que vous n’ayez pas à le faire, et pour vous offrir un choix plus restreint et ciblé du meilleur des séries à voir. Le sommeil, c’est très surfait de toute façon !