Finaliste du prix Wildlife Photographer of the Year 2017, organisé par le National History Museum de Londres, le photographe animalier Justin Hofman doit sa sélection à une photo aussi spectaculaire que tragique.
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La scène se passe près des côtes de l’île de Sumbawa, dans l’archipel des Petites îles de la Sonde, entre l’Indonésie et le Timor oriental. À la dérive dans les profondeurs des eaux bleu vert de l’océan Indien, un minuscule hippocampe s’accroche tant bien que mal à un coton-tige plus grand que lui.
L’image pourrait être charmante si elle ne témoignait pas du drame qui se joue quotidiennement dans nos océans, ravagés par la pollution humaine et industrielle. Postée sur le compte Instagram de Justin Hofman, la photo est accompagnée d’une légende :
“J’aurais souhaité que cette photo n’existe pas, mais puisque c’est le cas, je veux maintenant que tout le monde la voie. Ce qui était au départ l’opportunité de photographier un adorable petit hippocampe s’est transformé en frustration et tristesse à mesure que la marée montante apportait son lot de déchets et d’eaux usées.
Cet hippocampe dérive avec les déchets jour après jour lorsqu’il suit les courants qui circulent le long de l’archipel indonésien. Cette photo est une allégorie de l’état actuel et futur de nos océans. Quel genre de futur sommes-nous en train de nous forger ? Comment vos actions façonnent-elles notre planète ?”
Après la Chine, l’Indonésie est le deuxième plus gros producteur de pollution marine de la planète, avec près de 3,22 millions de tonnes métriques de déchets plastiques déversées chaque année dans la mer, selon une étude publiée en 2015 dans la revue Environmental Health Perspectives. Une réalité dont le photographe californien a pris brutalement conscience lors de l’expédition Eyos qui l’a mené à Sumbawa en décembre 2016.
Sur le compte Instagram d’Eyos, Justin Hofman décrit le moment où il a pris ce cliché :
“Nous faisions de la plongée près de l’île de Sumbawa, profitant du récif étonnamment sain, vu la proximité d’une ville voisine. Au bout d’un moment, le courant a commencé à tourner et avec lui est arrivé ce ravissant petit hippocampe. […]
Au début, l’hippocampe était seul, puis des algues sont apparues dans la zone. La petite créature allait d’une algue à l’autre, presque en bondissant dans les eaux agitées. Finalement, de plus gros débris ont dérivé vers le récif, entraînant avec eux des déchets et des agents polluants.
L’hippocampe s’est accroché à un morceau de plastique, ce qui aurait fait une meilleure photo en fait, avant de se décider pour ce coton-tige imbibé d’eau. C’est la plus importante scène animalière que j’ai jamais documentée et celle qui, je l’espère, aura le plus d’écho auprès du public.”
La publication de sa photo sur son compte Instagram a suscité des centaines de commentaires d’internautes révoltés ou désemparés. Des réactions qui ont touché Justin Hofman qui espère maintenant que sa photo et celles d’autres photographes faisant le même constat provoqueront un déclic et impulseront un changement à grande échelle.