Un des effets collatéraux de la pandémie concerne un racisme grandissant envers les personnes d’origine asiatique. Donald Trump avait ouvert le bal en qualifiant le Covid-19 de “virus chinois”, affirmant que l’appellation “n’avait rien de raciste”. Depuis, de nombreuses personnes asiatiques rapportent avoir subi des agressions racistes liées à cette stigmatisation.
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Fin octobre, par exemple, des appels à “agresser chaque Chinois” en Île-de-France circulaient sur les réseaux sociaux. La commission pour les droits humains de New York a quant à elle déclaré qu’entre février et septembre, sur “566 rapports reçus concernant des affaires de discrimination, de harcèlement et de préjugés liées au Covid-19”, 184 concernaient des personnes asiatiques. Cette hausse, précise le New York Times, a lieu dans tout le pays.
© Amanda Phingbodhipakkiya
En réaction à cette hausse des violences contre les personnes asiatiques, l’artiste Amanda Phingbodhipakkiya a créé une série de 45 œuvres affichées jusqu’au 2 décembre prochain dans une station de métro très fréquentée de Brooklyn. Les œuvres colorées présentent pour la plupart des portraits d’hommes et de femmes asiatiques entouré·e·s de fleurs “porteuses de messages symbolique dans les cultures chinoises et est-asiatiques”, rapporte la jeune femme, qui a quitté une carrière de neuroscientifique pour se consacrer à l’art. D’autres panneaux sont plus informatifs, présentant des déclarations, des statistiques ou des informations historiques.
“Rendre visibles les invisibles”
Sous les visages sont inscrites des phrases telles que : “Je ne vous ai pas rendu malades”, “C’est notre pays à nous aussi” ou encore “Je ne suis pas votre bouc émissaire”. Amanda Phingbodhipakkiya rappelle que la station exposant actuellement ses œuvres est le lieu où un jeune homme asiatique s’est fait cracher dessus et menacé de mort à cause de ses origines, en mars dernier. L’artiste explique avoir travaillé sa série pour “transformer ces blessures en quelque chose de beau et de puissant”.
© Amanda Phingbodhipakkiya
Fille de parents d’origine thaïlandaise et indonésienne, Amanda Phingbodhipakkiya confie avoir souffert, en même temps que sa famille, de racisme. C’est pour cela que sa série vise à “amplifier ces vécus”, souligne le New York Times.
“Mon travail a toujours tourné autour du fait de rendre visibles les invisibles”, confirme la concernée qui n’oublie pas sa formation scientifique. “J’ai exploré beaucoup de choses, des univers microscopiques jusqu’au cosmos, en passant par des choses qui ne peuvent être vues à l’œil nu. Et, selon moi, les luttes des communautés racisées sont souvent invisibilisées.”
C’est pour cette raison qu’Amanda Phingbodhipakkiya plaide pour une lutte intersectionnelle et solidaire. En soutien au mouvement Black Lives Matter, l’artiste a donc intégré dans sa série des portraits de personnes noires. Après le 2 décembre, les 45 œuvres n’auront pas terminé leur chemin. Elles devraient monter d’un étage et être affichées sur des abribus, comme un symbole de la résilience qu’elles expriment.
© Amanda Phingbodhipakkiya