Fin mai 2020, le King’s College de Londres menait une étude sur la perturbation du sommeil des Britanniques liée au Covid-19. Selon la prestigieuse université, la moitié des personnes interrogées affirmait dormir moins bien que d’habitude et deux personnes sur cinq rapportaient faire des rêves “plus saisissants qu’à l’accoutumée”. Se basant sur ces chiffres, le musée de Londres a imaginé une exposition centrée autour des rêves des Britanniques en cette époque pandémique.
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En collaboration avec le Musée des rêves canadien, le musée anglais met en place “Guardians of Sleep”, un projet “basé sur de la recherche et visant à rassembler les rêves des Londoniens”. Le titre vient quant à lui de Freud, qui qualifiait le rêve de “gardien du sommeil”.
“Lit miniature ayant appartenu à Lady Anne Blackett”, vers 1770-1800. (© Musée de Londres)
L’exposition s’inscrit au sein de leur initiative, toujours en cours, “Collecting Covid”. Depuis la première vague de confinement, l’institution récupère des objets et témoignages d’individus vivant dans la capitale anglaise, afin de raconter visuellement cette année si particulière.
Selon le musée, c’est la première fois que “des rêves racontés de façon brute et des témoignages personnels sont collectés par un musée”. Le curateur numérique du musée, Foteini Aravani, se réjouit de cette première – rappelant que les expositions déjà existantes racontent le rêve sous forme d’“expérience artistique”, et pas de déclaration brute.
Andy Warhol, “Sleep”, 1963. (© MoMa)
Un message à destination du futur
Cette exposition collective permettra également de questionner la notion même d’œuvre d’art et à partir de quand un objet, un texte ou une idée devient de l’art. Ici, l’idée est bien de mêler initiatives artistique et historique : “Nous rassemblons des rêves sous forme d’histoires orales racontées à la première personne, dans le but de partager un récit de l’époque personnel et émotionnel à destination des futures générations”, souligne Foteini Aravani.
Passer par le prisme du rêve permet de raconter la confusion créée par la pandémie autrement, de façon plus poétique et conceptuelle. “Guardians of Sleep” sera visible à partir du mois de février 2021 via Zoom en espérant que, d’ici là, nos rêves seront apaisés.
“Un chauffeur de taxi endormi dans Lime Street, à Londres”, vers 1990. (© Paul Baldesare)
“Chemise de nuit d’homme”, vers 1581/1590. (© Musée de Londres)
Londoniens et Londoniennes sont invité·e·s à participer au projet jusqu’au 15 janvier 2021, en envoyant leurs témoignages à info@museumofdreams.org.