Cet article est écrit avec les caractères typographiques que vous connaissez depuis toujours. Demain, peut-être, les rédactrices et rédacteurs du monde entier en utiliseront de nouveaux. C’est en tout cas ce qu’espère Tristan Bartolini, étudiant à la Haute école d’art et de design (HEAD), située à Genève, dont le travail a été gratifié du prix Art Humanité 2020 de la Croix-Rouge genevoise.
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Le jeune homme est parti de l’idée que notre alphabet, tel qu’il existe actuellement, ne permet pas d’exprimer tout le spectre du genre. La nécessité d’imaginer de nouveaux outils afin de signifier cette diversité s’est imposée à lui. L’étudiant en communication visuelle s’est alors lancé dans la création d’une quarantaine de nouveaux caractères épicènes, c’est-à-dire non genrés.
Son travail, intitulé “L’inclusif·ve”, est un mélange des lettres qui composent les terminaisons masculines et féminines. Dans le mot “cœur”, le “o” et le “e” s’étreignent pour ne former qu’un caractère. Tristan Bartolini s’est inspiré de cette façon de procéder. Il a mélangé le “e” et le “a” de “le” et “la”, le “p” et le “m” de “père” et “mère” et même le “ho” et le “fe” de “homme” et “femme”. Cette osmose entre les différents caractères permet de s’exprimer de manière inclusive tout en s’affranchissant des tirets, points et parenthèses utilisés jusqu’ici par les adeptes du langage épicène.
La Croix-Rouge de Genève, le Comité international de la Croix-Rouge et la HEAD récompensent depuis six éditions des projets qui mêlent engagement humanitaire et élan artistique. Quelle suite Tristan Bartolini peut-il envisager pour ses caractères épicènes, aujourd’hui mis en lumière par le prix Art Humanité ? Interrogé par la Tribune de Genève, il a déclaré : “J’aimerais que ce projet ne soit qu’un début. Ce système de caractères peut s’adapter à d’autres polices d’écriture. […] J’ai simplement créé un outil de communication. D’autres pourraient l’utiliser pour faire passer un message.”