Les impressionnants corps sans vie de l’exposition itinérante “Ceci n’est pas un corps” ont investi le musée Maillol, à Paris, depuis un bon mois, après avoir voyagé à travers plusieurs villes européennes et à Canberra. Si l’expérience est déjà intense en tant que telle, elle sera exacerbée cette semaine, les 10, 11 et 17 novembre, à l’occasion de visites nues.
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Ces créneaux réservés à un public nu visent à créer une réflexion sur le rapport au corps en confrontant le sien à ceux – factices – des œuvres, mais aussi à ceux – bien réels – des autres spectateur·rice·s. “Être capable de se mettre à nu, au sens propre, devant les autres, c’est d’abord se lancer un défi, surpasser les peurs et les doutes que l’on peut avoir par rapport à soi-même”, précise la page de l’événement.
John DeAndrea, American Icon – Kent State, 2015. (© Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris/Institute for Cultural Exchange, Tübingen/Photo : Clérin Morin)
Ces sessions sont co-organisées avec la Fédération française de naturisme, qui souhaite proposer des expériences de la vie quotidienne à ses adhérent·e·s et faire découvrir la pratique aux non-initié·e·s : “Dans un contexte naturiste, on ne ‘montre’ pas, on ne s’exhibe pas, on ‘est’, tout simplement. Un retour à l’essentiel, détaché du paraître, permettant de vivre pleinement l’expérience de visite, de manière respectueuse, pudique et originale.”
La fédération a déjà organisé des visites nues du Palais de Tokyo et de la Cinémathèque, mais c’est la première fois qu’elle investit le musée Maillol – où l’association des naturistes de Paris assure une grande partie du bénévolat. L’idée semble bonne puisque, dès que les visites ont été annoncées, les places ont été prises d’assaut.
Ce genre d’événements est à double portée. En plus de démocratiser la pratique du naturisme, il vise à faire sortir de l’expérience traditionnelle les visites de musées et prouver qu’aller découvrir une exposition est surtout une affaire de ressentis, d’émotions et d’exploration. Si finalement, sur place, vous êtes trop gêné·e·s, prenez la pose et attendez sagement la fermeture, on vous prendra peut-être pour une œuvre hyperréaliste.
Carole A. Feuerman, General’s Twin, 2009-11. (© Galerie Hübner & Hübner/Institute for Cultural Exchange, Tübingen)
Sam Jinks, Woman and Child, 2010. (© Sullivan+Strumpf, Sydney/Institute for Cultural Exchange, Tübingen)
John DeAndrea, Dying Gaul, 2010. (© Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris/Institute for Cultural Exchange, Tübingen/Photo : Clérin Morin)
Marc Sijan, Embrace, 2014. (© Institute for Cultural Exchange, Tübingen)
L’exposition “Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps” est présentée au musée Maillol jusqu’au 5 mars 2023.