Avant de devenir professionnelle et de raconter la jeunesse et les problématiques sociales en images, Cha Gonzalez a commencé par tourner son objectif vers son quotidien. À la manière d’un journal intime, elle photographie sa famille, ses potes, la rue, et bien sûr, les fêtes.
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Familière du monde de la nuit parisienne car amoureuse des soirées techno, l’artiste observe alors de près la faune qui, tard la nuit, s’abandonne à la musique pour profiter de quelques heures de liberté totale. Son projet Abandon raconte ces moments de fusion, de solitude et de tension sexuelle qui font l’essence de la vie nocturne et tissent un lien entre celles et ceux qui partagent le dancefloor.
Abandon, Paris, 2017. (© Cha Gonzalez)
C’est au moment où Cha Gonzalez est devenue mère que la fête a commencé à résonner autrement dans sa vie. “C’était mes moments de liberté, puis je revenais à mon rôle de mère avec plaisir. De fil en aiguille, j’ai commencé à connaître des gens dans ces milieux. Des gens qui avaient un rapport passionné à ces fêtes, dans leurs parts lumineuses comme sombres”, se souvient-elle.
Alors que son attachement aux soirées se fait plus profond, la photographe commence aussi à poser un regard esthétique sur le monde de la nuit et celles et ceux qui la font vivre. Appareil photo dans une main et soft dans l’autre, l’artiste arpente les soirées pour capturer ce désir commun de faire la fête et les sensations qu’elle fait naître.
Abandon, 2019. (© Cha Gonzalez)
Foule en transe
Dans ses clichés, aussi intenses que sensuels, il y a la foule surexcitée, les danseur·se·s en transe, qui s’embrassent, mais aussi les moments de solitude et les clopes consumées à l’écart du bruit. Loin de véhiculer une image trash de la fête, Cha Gonzalez ne la sublime pas non plus, mais regarde ce que la musique déclenche chez celles et ceux qui l’aiment.
“Le fait que j’ai une certaine longévité dans ce milieu est peut-être dû au fait que je ne bois pas, ne prends pas de drogue et suis peu sensible à la fatigue. Ce n’est pas pour prendre des photos que j’ai fait ce choix, c’est juste comme ça que j’ai envie de vivre ces moments et que je les ai toujours vécus. J’alterne entre des phases de danse, de photo et de discussion, et ces trois choses contribuent à mon équilibre”, détaille Cha Gonzalez.
Abandon, 2019. (© Cha Gonzalez)
Son projet Abandon rassemble des photos prises au PériPate, au Chinois, au Cirque Électrique, dans des soirées parisiennes organisées dans des squats ou par des collectifs comme Aïe, Bruits de la Passion, Kluster et Hors Sol. Mais aussi hors de la ville lumière, comme à Kyiv ou à Beyrouth.
Peu importe l’endroit, c’est finalement toujours cette même ambiance très instinctive et propre au monde de la nuit qui se dégage des images. “Ce qui se déroule dans ces fêtes a toujours existé, et c’est tout ce qui fait la beauté de l’être humain. Son désir de vie, de mouvement, de lien, de sens, autant que de chaos et d’intensité parfois destructrice. L’abandon et le relâchement sont à la fois une vulnérabilité et une force qui nous permettent de nous connecter aux autres et à quelque chose de profond en nous.”
Abandon, Beyruth, 2018. (© Cha Gonzalez)
Abandon, 2019. (© Cha Gonzalez)
Abandon, 2021. (© Cha Gonzalez)
“Abandon”, 2021. (© Cha Gonzalez)
“Abandon”, Paris, 2016. (© Cha Gonzalez)