“Comme chaque année, avec mes amis Marc et Damien, on choisit une nouvelle destination, avec un budget très réduit (le plus possible). Après avoir fait 2 500 kilomètres en BX pour rejoindre un désert espagnol, ou encore traverser Israël et la Palestine en bus, nous avons décidé de passer un moment au-dessus du cercle arctique, en traversant d’est en ouest la Finlande, la Suède et la Norvège. L’idée : chaque jour, trouver un spot de carte postale pour dormir, faire du feu et pêcher.”
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“Traverser la Norvège en plein hiver par – 30 degrés, ou encore subir des tempêtes de neige Islandaises bien flippantes m’était déjà familier. Mais pour bien comprendre ces pays, il faut y aller à ces deux périodes bien distinctes. L’été c’est un monde. L’hiver en est un autre.”
En raison de la latitude des pays dans lesquels il a séjourné, Fabien Voileau a pu découvrir les jours polaires, période de l’année durant laquelle le soleil ne couche jamais. Une véritable expérience sensorielle.
“La lumière. Non-stop. Quand tu dors sous une toile de tente, ça use. Les repères sont un peu brouillés, mais ça a un côté intéressant. J’ai toujours ce même feeling dans ces pays du Nord, cette impression que le temps dure plus longtemps. J’avais même ce sentiment en plein hiver avec 5 heures de soleil par jour. La sensation du temps écoulé est vraiment transformée.”
“Les interactions avec des gens étaient en réalité assez rares, et le peu de vies croisées figure presque intégralement dans cette série d’images. On a cherché à limiter au maximum notre contact avec les villes et villages. J’ai été piqué d’une certaine curiosité lorsqu’on parcourait 800 kilomètres au milieu des fjords, j’essayais d’imaginer le quotidien de ses habitants. Certaines maisons étaient totalement isolées, par exemple, une habitation n’était accessible que par bateau. Ce peu d’interaction humaine était inconsciemment fascinante à capter.”
“De temps à autre, le matin, on se demandait où passaient certains ustensiles de cuisine ou même le café. Un regard suspicieux circulait entre nous jusqu’au moment où nous avons compris que le groupe de renards croisés la veille, venait de nous voler des trucs totalement inutiles pour eux. Je me souviens aussi du premier jour, notre premier campement devant un lac immense. L’eau était tellement froide que nos bières étaient fraiches en un 1⁄4 d’heure”.
“Oui, toujours et quasiment exclusivement de l’argentique. Le rendu est différent, plus réel, à mon sens. Ça retranscrit davantage ce que que j’ai vécu. Ce n’est pas plus beau, ce n’est pas plus moche. C’est juste mon souvenir. Je reste persuadé qu’en étant limité par un nombre de poses et en prenant le risque de se louper, l’approche globale de l’image est affinée et le résultat est différent. À part les pellicules à trimbaler et à ne pas perdre, il n’y a pas de contraintes. Tu n’as même pas besoin de courant pour recharger tes batteries, ce qui est plutôt pratique au milieu de rien.”
“La lumière est hyper changeante en fonction des pays, des saisons. Le résultat est aussi différent en fonction de ce que tu vis. Lorsque j’aborde une destination seul, je capte davantage les habitants, des scènes de vies. Les photos sont davantage humanisées. À l’inverse, lorsque je pars avec mes potes, je vais plutôt les photographier eux. On va faire les cons, pêcher ou encore surfer… C’est ces moments que je vais immortaliser. Je considère que j’ai une chance incroyable d’avoir des amis qui m’inspirent beaucoup. Aussi, je pars aussi beaucoup avec ma copine. Nous nous retrouvons souvent tous les deux, au milieu de rien, et ça donne encore plus de sens à mon travail.”