Si les différences entre Donald Trump et Barack Obama sont nombreuses d’un point de vue politique, la façon dont est gérée leur image semble, elle aussi, à l’opposé l’une de l’autre.
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Sur Instagram comme sur Twitter, l’équipe de Donald Trump ne partage que des images très officielles de la vie publique du président.
Il va sans dire que les débuts de la présidence de Donald Trump ont été plus ou moins chaotiques. Entre l’émoi que son élection a suscité à l’échelle internationale, les manifestations organisées par les citoyens américains et les premiers décrets adoptés par le 45e président des États-Unis, Donald Trump a fait couler de l’encre, et parfois même quelques larmes.
Des images pour dire au revoir
Nombreux ont été les internautes et personnages publics à s’émouvoir du départ de Barack Obama et de sa famille de la Maison-Blanche. Un proche de l’ancien président en particulier n’a pas lâché l’affaire et a continué à faire souffler un vent Obama sur ses réseaux.
Cet homme, c’est Pete Souza, l’ancien photographe officiel du président Obama. L’histoire commune des deux hommes remonte à de longues années. Le photojournaliste a couvert les deux mandats du président après avoir suivi en images son ascension politique. Depuis son premier jour au Sénat en 2005, jusqu’à son élection et son premier portrait officiel en tant que président des États-Unis, en janvier 2009, Obama a gardé le photographe près de lui, dans son cercle privé.
Depuis la prise de fonction de Donald Trump à la présidence des États-Unis en janvier 2017, médias et internautes se sont amusés du jeu auquel s’est adonné Souza. Dès le lendemain de la passation de pouvoir, et donc du passade de relais d’un photographe officiel à une autre, Pete Souza a créé son propre compte Instagram.
Pas de photos de famille ou de selfies pour le photographe qui préfère poster des souvenirs des deux mandats d’Obama. Des posts qui ne sont pas aussi innocents qu’il y paraît, comme l’ont noté plusieurs médias et instagrameurs, puisqu’ils entrent en résonance avec les actions du nouveau chef de l’état.
The Guardian se demandait début février : “Le photographe officiel d’Obama n’est-il pas en train de troller Donald Trump ?”. Il apparaît en effet peu probable que le fait que Souza publie une image de Barack Obama en pleine conversation avec une réfugiée de confession musulmane, au moment où Trump signe un arrêt interdisant aux ressortissants de 7 pays musulmans d’entrer sur le territoire américain, soit un hasard complet. De même, le jour où Trump aurait dit au président mexicain, Enrique Peña Nieto, qu’il enverrait des troupes américaines au sud de la frontière, Souza partageait une photo de Peña Nieto et Obama savourant un verre de tequila.
À mi-chemin entre la blague et une véritable guerre des images, les posts de Pete Souza ont beaucoup fait parler d’eux et son compte personnel rassemble plus d’un million d’abonnés. Mais les images de Souza ne plaisent pas seulement pour leur humour. En suivant le président comme son ombre durant huit ans, le photographe a immortalisé de nombreux moments de la vie publique et privée du président.
Un bon nombre de ses images a ému le public, en particulier celles représentant le chef d’état avec des enfants, s’accroupissant à leur hauteur ou embrassant de vieilles dames. Si ses photographies ont effectivement aidé à bâtir l’imagerie “cool” qui collait à la peau d’Obama, un article du New Yorker précise que Souza ne se gênait pas pour capturer les moments plus sombres du président. Parmi les deux millions de photos prises par Souza, on a ainsi pu voir Obama se prendre littéralement la tête, fatigué, désabusé, rincé, et en train de gérer des catastrophes mondiales ou nationales.
Vie privée et vie publique
Alors que l’on croyait Trump amoureux des feux des projecteurs, il s’en défie finalement énormément. Bien qu’une nouvelle photographe, la très républicaine Shealah Craighead, ait été nommée pour couvrir le mandat de Donald Trump, celle-ci publie très peu de photos du président, et encore moins des photos intimes.
Alors que Pete Souza avait accès aux moments les plus intimes de la famille Obama, Donald Trump ne laisse aucun objectif s’aventurer dans les zones privées de la Maison-Blanche. Les photographies diffusées par les équipes du président le représente toutes dans ses fonctions : en train de signer un acte de loi, déclarant un discours ou entouré d’invités officiels. Même celles qui ne semblent pas posées ne respirent pas le naturel.
Selon le New Yorker, si Trump est si discret en images, c’est parce qu’il “ne comprend pas que voir un président baisser la garde sur des photographies ne réduit pas forcément le respect qu’on lui porte en tant que dirigeant”.
Ce mutisme photographique commence même à paraître suspect et à échauffer les esprits. Ainsi, les quelques photos non officielles qui sortent sont reprises en masse et abondamment discutées. On se souvient de l’image de la conseillère de Trump, Kellyanne Conway, les pieds sur le canapé au milieu d’une réunion avec des directeurs d’universités traditionnellement noires dans le bureau Ovale. La pose de la femme politique avait choqué les internautes qui y avaient vu un signe de mépris et d’irrespect à l’égard des invités de la réunion.
Récemment, c’est une sombre histoire de peignoir qui a ajouté de l’huile sur le feu. En février, le New York Times rapportait quelques bribes de la vie personnelle du président, affirmant que, son épouse et son fils se trouvant la majeure partie du temps à New York, Trump se retrouvait souvent seul “à regarder la télévision en robe de chambre”.
Quelques jours plus tard, le directeur de la communication de la Maison-Blanche, Sean Spicer, réfutait, non pas le fait que le président passe ses soirées seul devant la télévision, mais le fait qu’il possède une robe de chambre. Mauvaise passe pour la Maison-Blanche, les internautes se sont empressés d’amasser des images de Trump en robe de chambre, mettant à mal autant l’annonce de Spicer que l’image du président.
Et même lorsque la famille Trump se fait photographier par une professionnelle, le résultat manque de naturel. Il y a peu, la photographe belge Régine Mahaux a été commissionnée pour tirer le portrait de Donald, Melania et Barron Trump. Mais une fois encore, les représentations sont très lisses et ne permettent pas de ressentir une quelconque proximité avec la première famille des États-Unis.
Si pour certains, les photos du président ne sont que futilité, questionner les différents rapports qu’entretiennent les chefs d’état avec leurs photographes et l’image qu’ils donnent au monde permet aussi d’analyser leur façon de gouverner, et évidemment l’empreinte qu’ils laisseront dans l’Histoire.