L’artiste français d’origine haïtienne Hervé Télémaque, associé au courant de la figuration narrative, est décédé jeudi à l’âge de 85 ans en région parisienne où il était hospitalisé, a annoncé à l’AFP sa fille, Élodie-Anne Télémaque. Atteint d’une grave maladie auto-immune qui l’avait contraint à se déplacer en fauteuil roulant et alors qu’il avait perdu l’usage du bras droit, il avait continué à peindre de la main gauche.
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Il fait partie des 24 artistes étranger·ère·s exposé·e·s actuellement au musée de l’histoire de l’immigration du Palais de la Porte-Dorée dans le cadre de l’exposition “Paris et nulle part ailleurs”, qui retrace les années d’effervescence artistique d’après-guerre, de 1945 à 1972, et l’attrait de la capitale française pour les arts du monde entier.
Né en 1937 à Port-au-Prince, en Haïti, Hervé Télémaque avait quitté son pays en 1957 pour New York avant de s’installer en France en 1961, où il travaillait à Villejuif. Marqué par la ségrégation aux États-Unis où il ne retournera qu’en 1973, il fréquente en France les Surréalistes, sans adhérer formellement au groupe et trouve sa voie bien particulière dans les préceptes du pop art tout en défendant la création européenne, qu’il juge plus critique envers la société.
Depuis la fin des années 1950, il avait créé un vaste corpus d’œuvres au vocabulaire visuel ludique, caractérisé par des gestes abstraits, une imagerie de type cartoon et des compositions mixtes, une œuvre multiple marquée par ses origines haïtiennes et la “négritude”.
Par le biais de peintures, de dessins, de collages, d’objets et d’assemblages, il associait des références historiques et littéraires à celles de la culture populaire et de la consommation. Incorporant des images et des expériences de sa vie quotidienne, ses œuvres tissent des liens entre les domaines de la conscience intérieure, de l’expérience sociale et des relations complexes entre l’image et le langage.
Exposée dans plusieurs grands musées internationaux, une rétrospective lui a notamment été consacrée en France par le Centre Pompidou en 2015, reprise au musée Cantini à Marseille, puis en 2016 à la Fondation Clément au François en Martinique, avec une sélection d’une cinquantaine de toiles en rapport direct avec les Antilles et le continent africain. En 2010, il avait parrainé une vente aux enchères “Haïti Action Artistes”, dont l’objectif était de restituer aux artistes haïtien·ne·s les moyens de retravailler et de créer des structures pérennes, à la suite du tremblement de terre du 12 janvier de la même année.