Franz Gertsch, peintre et graveur suisse, est décédé à l’âge de 92 ans. “Le 21 décembre 2022, notre artiste éponyme Franz Gertsch s’est endormi paisiblement à l’âge avancé de 92 ans”, a annoncé le musée qui porte son nom sur son site en ligne.
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L’artiste, né en 1930 à Mörigen, une petite bourgade sur les rives du lac de Bienne dans le nord de la Suisse, s’est tout d’abord fait un nom avec ses gravures sur bois – un art qu’il exercera avec brio et innovation et souvent dans des dimensions monumentales.
À la fin des années 1960, il se met aux collages dans le style du pop art, avant de peindre, en 1969, ses premières toiles réalistes en grand format. C’est la consécration en 1972 avec sa toile Medici, sélectionnée pour la Documenta 5, l’une des plus grandes manifestations d’art contemporain.
Cette toile monumentale, de 6 mètres sur 4, dépeint avec une précision photographique cinq jeunes gens au look typique des années 1970, pantalon pattes d’éléphant, blouson, cheveux longs devant le Kunstmuseum de Lucerne. Pour ces œuvres, il se base sur des photographies ou des diapositives et réalise lui-même ses photos.
Suivent, durant les années 1970, des portraits et des scènes de famille ou de groupe. Les trois tableaux qu’il tire de photographies d’enfants gitans prises en 1971 sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer dans le sud de la France ou la série de portraits de la rockstar Patti Smith en 1979 font partie des œuvres les plus marquantes de l’artiste.
“Son visage m’a d’abord fasciné”, confiait alors Franz Gertsch, qui a découvert l’artiste états-unienne considérée comme l’une des marraines du punk sur une pochette de disque. L’artiste a ensuite été séduit par sa voix et sa musique.
Xylographie en grand
La xylographie ou les gravures sur bois – qu’il réalisait dans de très grands formats – occupent une place particulière dans l’œuvre de Franz Gertsch, qui était très inspiré par la nature et les paysages. Dans les années 1980, il a adapté au bois une technique de gravure sur métal dite “en criblé” qui remonte au XVe siècle. Elle lui permet de réaliser des images d’une précision surprenante, qui peuvent être prises pour des photos.
“Par cette approche, Gertsch cultive l’illusion revendiquée du photoréalisme en la transposant pour pousser plus loin les limites du réel que l’appareil photographique saisit et que la gravure subsume, densifie et uniformise en faisant du paysage un visage et du visage un paysage”, écrivait en 2017, le critique d’art Jean-Paul Gavard-Perret.
Les quatre saisons
À 77 ans, Franz Gertsch s’attaque à une nouvelle grande œuvre : la représentation des quatre saisons. Le peintre a l’idée d’un tel cycle en tombant par hasard sur une photo prise en automne de la forêt qui entoure sa maison à Rüschegg, au sud de Berne.
Il s’agit une nouvelle fois de tableaux de grandes dimensions : Hiver mesure 3,25 mètres sur 4,8. C’est sur ce tableau que Gertsch a peint la neige pour la première fois. En 2015, il avait exceptionnellement autorisé la télévision suisse SRF à le filmer pendant qu’il travaillait une gravure sur bois.
“Bien que je sois une personne très nerveuse et impatiente – j’ai du mal à patienter – dès que j’ai une gouge ou un pinceau à la main, le calme m’envahit”, avait-il dit à la télévision.