Il fut un temps où on avait moins peur de mélanger nos miasmes et où on défiait toute distance. Cette archive de l’INA nous plonge dans ce monde d’avant avec l’artiste Orlan et sa performance Le Baiser de l’artiste, réalisée en 1977, qui a brisé quelques tabous à l’occasion de la FIAC, à Paris.
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“Qui êtes-vous ?”, lui demande le journaliste. “Une femme artiste pute”, répond Orlan radicalement. Dans le cadre de cette performance, l’artiste à cornes proposait des baisers aux visiteur·se·s. Ces baisers avaient un prix symbolique : cinq francs. “Qui veut un baiser à cinq francs ? Monsieur, vous voulez un baiser ?”, pouvons-nous l’entendre scander dans cette vidéo.
Pour payer, le public doit insérer la monnaie dans un buste de femme nue qu’elle maintient contre sa poitrine. Sa démarche était loin d’être naïve : elle questionnait ici la relation pas toujours saine entre l’art et l’argent, en pleine foire guindée d’art contemporain. Plus largement, sa réflexion portait sur “la position de l’art et de l’artiste et du corps de la femme, à l’heure actuelle et dans la société”.
“Le corps de la femme est un matériau nouveau […] Le baiser, ce n’est pas très, très, très important. Ce qui compte, c’est l’image et l’interrogation qui en découlent”, explique-t-elle avant de trouver un “mécène”, c’est-à-dire quelqu’un “qui [lui] donne cinq francs mais qui ne veut pas de baiser”.