Après vous avoir expliqué en long, en large et en travers pourquoi l’œuvre d’Anish Kapoor était si Scorpion, voici venue la saison du Sagittaire. Pour traiter du neuvième signe du zodiaque, optimiste, indépendant mais aussi versatile, nous avons décidé de nous (re)pencher sur une carrière résolument Sagittaire, celle de la peintre états-unienne Georgia O’Keeffe.
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Un signe de feu
Le Sagittaire est un signe de feu, connu pour sa fougue, son dynamisme, son honnêteté et son impulsivité. La vivacité des aplats de couleurs des toiles de Georgia O’Keeffe, la façon dont les tons clairs de ses tableaux semblent illuminés de l’intérieur, la grandeur de ses supports et son attrait pour les vues agrandies collent parfaitement à ces caractéristiques.
Georgia O’Keeffe, Coquelicots orientaux, 1927. (© Collection du Musée d’art Frederick R. Weisman/Musée Georgia O’Keeffe/ADAGP Paris, 2021)
On a trop longtemps réduit Georgia O’Keeffe à ses tableaux de fleurs en gros plan, décrits comme des représentations de sexes féminins. Cette interprétation sexualisante a toujours été réfutée par l’artiste, à l’origine d’une œuvre dense, longue de plus de soixante ans et bien plus large qu’un simple portfolio de tableaux de fleurs. La native du Wisconsin refusait les cases, elle qui s’épanouissait avec audace et panache dans tant de différents courants.
Un signe représenté par… les hanches et les cuisses
Le Sagittaire est représenté par un centaure, une créature au buste d’homme et aux membres inférieurs de cheval. Ses quatre pattes puissantes permettent à ce signe, qu’on considère comme un amoureux du voyage, de parcourir le monde et de fuir l’ennui.
“Aventurier au goût du risque prononcé, le Sagittaire fait partie des signes les plus indépendants du zodiaque. Ce signe veut tout voir, tout vivre et tout ressentir. Il n’est pas du genre à s’enfermer dans le quotidien et la monotonie”, écrivait la journaliste Sophie Laroche dans notre article “Dis-moi ton signe astro, je te dirai quelle célèbre sculpture tu es”.
Georgia O’Keeffe, Mon jardin en été, 1941. (© Musée Georgia O’Keeffe)
Originaire du Wisconsin, Georgia O’Keeffe a commencé sa vie mondaine d’artiste à New York et a fini sa vie dans son État de cœur, le Nouveau-Mexique. Son travail est une lettre d’amour à ces différents paysages. Des plaines verdoyantes du nord des États-Unis en passant par les gratte-ciel de la Grosse Pomme et l’aridité des déserts du sud, les formes et couleurs ondoient pour transporter ailleurs le public et le Sagittaire ayant des fourmis dans les jambes. On notera également que l’artiste a voyagé dans l’univers grâce à son travail, puisqu’un cratère vénusien porte son nom. L’élégance intergalactique.
Un signe mutable
Le signe du Sagittaire est un signe mutable, c’est-à-dire qu’il clôt une saison. On raconte que les signes mutables indiquent un caractère adaptable, ouvert et instable. Cette souplesse semble à son paroxysme dans l’œuvre de Georgia O’Keeffe, elle qui s’est émancipée au sein de différents styles artistiques et n’a cessé d’évoluer – après des débuts académiques à la School of the Art Institute of Chicago puis à l’Art Students League of New York.
Georgia O’Keeffe, Série rouge, jaune et noire, 1924. (© Centre Pompidou, MNAM- CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP/Don de la Georgia O’Keeffe Foundation)
Considérée comme la “mère du modernisme américain”, l’artiste a touché à tout, du minimalisme (qu’elle a largement contribué à préfigurer) au romantisme en passant par le paysagisme. Maniant la peinture à l’huile, le pastel ou l’aquarelle, Georgia O’Keeffe ne limitait sa vision à aucun médium, n’hésitant pas à mélanger les regards et cadrer ses scènes comme des compositions photographiques.
Un signe tourné vers les étoiles
En plus de convoquer des notions d’indépendance, d’audace et de voyage, le Sagittaire est connu pour son ouverture d’esprit et ses inclinations idéalistes et spirituelles, symbolisées par cette flèche (“sagitta”, en latin) que le centaure tend vers le ciel et sa grandeur.
Georgia O’Keeffe, Porte noire sur rouge, 1954. (© Musée Georgia O’Keeffe/ADAGP, Paris, 2021)
“Connecté à la connaissance et la croyance, le Sagittaire cherche à en savoir plus sur le monde qui l’entoure et à ouvrir son esprit et celui des autres. Pour lui, il est important d’élargir ses horizons afin d’initier un système plus inclusif où se côtoient différentes philosophies, croyances, cultures et idées”, explique encore Sophie Laroche.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, touchée par le nombre de décès au combat, Georgia O’Keeffe se met à peindre des ossements d’animaux ramassés dans le désert. Éclatants de blancheur, les os abordent le sujet de la mort tout en paradoxe – entre beauté hypnotisante et terreur.
Georgia O’Keeffe, Pelvis et paysage, 1943. (© Indianapolis Museum of Art/Musée Georgia O’Keeffe/ADAGP, Paris, 20)
Lorsqu’elle découvre le Nouveau-Mexique, dans les années 1930, Georgia O’Keeffe tombe amoureuse de ces paysages désertiques et de l’histoire qu’ils charrient, notamment celles des Premières Nations, leur spiritualité et leur façon de voir le monde. Une fois sa demeure d’Abiquiu acquise, l’artiste se plaît à peindre des compositions géométriques apaisantes représentant notamment son patio, le clocher d’une église non loin et, à la fin de sa vie, des ciels.
Tandis que sa vue décline à cause d’une dégénérescence maculaire, la peintre prend de la hauteur et représente nuages et cieux, comme un dernier voyage spirituel et un tour de piste de l’humanité. Un adieu parfait pour celle qui représente avec tant de style ce neuvième signe.
Georgia O’Keeffe, Ciel au-dessus des nuages, 1976-1977. (© Musée Georgia O’Keeffe/ADAGP, Paris, 2021)
Georgia O’Keeffe, Tête de taureau et collines de roses trémières blanches, 1935. (© Musée Georgia O’Keeffe/ADAGP, Paris, 2021)
Georgia O’Keeffe, Vue de l’East River depuis l’hôtel Shelton, 1928. (© The Metropolitan Museum of Art/Dist. RMN-Grand Palais)
Georgia O’Keeffe pose en extérieur, devant une toile de sa série “Pelvis Series Red With Yellow” à Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, en 1960. (© Tony Vaccaro/Getty Images)
Une exposition rétrospective dédiée au travail de Georgia O’Keeffe est visible au Centre Pompidou à Paris jusqu’au 6 décembre 2021.