Le 20 juillet, Facebook annonçait une nouvelle fonctionnalité sur Instagram : le contrôle des contenus sensibles. Ce filtre est censé permettre aux utilisateur·rice·s de jauger la nature des contenus sensibles qui apparaissent dans leur feed “Explorer”, afin de les limiter (ou pas). “Nous pensons que tout le monde devrait pouvoir sculpter Instagram comme il le souhaite.”
À voir aussi sur Konbini
Parmi ces contenus dits “sensibles”, Facebook inclut les posts à caractère sexuel ou violent, mais aussi des publications promouvant du tabac ou des produits pharmaceutiques, rapporte The Verge.
La censure continuera de se faire naturellement sur le réseau social dédié à l’image, mais cette option est présentée comme une personnalisation supplémentaire de cette censure, selon si vous voulez être exposé·e·s plus ou moins à tel ou tel type de posts. Il est vrai que l’algorithme de l’onglet “Explorer” est souvent similaire à une cour des miracles.
La maison-mère ajoute également qu’il sera possible de régler ce filtre dans nos paramètres de compte, en précisant que les personnes mineures ne pourront pas user du curseur dans le but d’afficher plus de “contenus sensibles”. Pour les personnes majeures, libre à vous d’indiquer que vous voulez “tout autoriser” ou laisser vos paramètres par défaut.
Les réglages possibles dans vos paramètres de compte. (© Facebook)
Un filtre discriminatoire ?
Les limites de cette fonctionnalité résident dans la définition même de ces “contenus sensibles”. Les artistes la voient comme une censure supplémentaire de leur travail. À mesure que la fonctionnalité était adoptée par les utilisateur·rice·s, les artistes présent·e·s sur la plateforme voyaient de plus en plus de leurs contenus bloqués en stories et dans leur feed, détaille The Verge.
Selon certain·e·s, cette option (d’abord fixée par défaut avant d’être personnalisable) limiterait leur reach et serait une manière de mieux entraîner l’algorithme de censure initial du réseau. Si leurs followers veulent profiter pleinement des publications s’affichant dans leur feed, cette fonctionnalité doit être fixée à “Tout autoriser” car l’algorithme interprète comme un robot – c’est-à-dire mal.
En première ligne des artistes touché·e·s, les artistes queers, déjà marginalisé·e·s. Dans The Verge, Phillip Miner, artiste et fondateur d’un magazine queer, se dit “frustré” de cette nouveauté. Au-delà de la censure de tétons féminins, Instagram avait déjà été épinglé pour sa censure des posts de personnes noires, grosses, travailleuses du sexe et faisant partie de la communauté LGBTQIA+.
Si Instagram dément ces changements constatés, les artistes tatoueur·se·s ont également remarqué de nombreuses nouvelles censures sur leur compte présentant beaucoup de peau et certaines parties du corps. Avec ses biais, ce filtre pourrait donc plus discriminer que servir, et ne plus laisser beaucoup de place à l’art.