Damien Hirst présente à Londres sa première exposition de NFT. À l’occasion de cet événement, le Britannique va brûler ses propres peintures. Dans la galerie de Damien Hirst, dans le Sud de Londres, des panneaux montrent sur plus de cinq mètres de haut 10 000 peintures sur des feuilles A4.
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Des points multicolores s’étendent à perte de vue, et au verso des feuilles, le titre de l’œuvre : des phrases manuscrites écrites par l’artiste et tirées de ses chansons préférées. Dead Bird, I Can See It Now, Spending As A Millionnaire… À l’étage de la galerie, six cheminées n’attendent que d’être utilisées.
Les œuvres datent de 2016, mais c’est deux ans plus tard que le projet The Currency a commencé à prendre sa forme actuelle. Damien Hirst, l’un des artistes les plus cotés au monde, a alors conçu son premier projet NFT. Damien Hirst, un brin provoc’, a dévoilé The Currency en juillet 2021. Les 10 000 œuvres ont été mises en vente, à 2 000 dollars l’unité.
À chacune des 10 000 peintures correspond un NFT. Elles sont toutes similaires avec des points multicolores, signées par Damien Hirst et avec la fameuse phrase manuscrite au verso inspirée de ses chansons favorites. Les prix se sont rapidement envolés sur le marché, le prix d’une des 10 000 œuvres grimpant jusqu’à 172 239 dollars.
Crâne en diamant
Les acheteur·se·s avaient un an pour choisir, de juillet 2021 à juillet 2022 : soit la peinture, soit le NFT. Plus de la moitié des investisseur·se·s a décidé de garder la peinture, les autres ont préféré le NFT. L’œuvre d’art physique des NFT sera donc brûlée. “C’est une expérience. […] Nous forçons les gens à faire un choix”, résume l’artiste dans une vidéo.
Damien Hirst allumera lui-même le feu dans les cheminées de la galerie le 11 octobre 2022, lors de la Frieze Week, une grande foire d’art contemporain londonienne. Il brûlera seulement une partie des 4 851 peintures, les autres le seront au fur et à mesure jusqu’à la fin de l’exposition, le 30 octobre.
“Les artistes conceptuels dans les années 1960 et 1970 disaient que l’art n’existe pas dans l’objet artistique, il existe dans l’esprit de celui qui regarde, et ce projet n’est pas vraiment différent”, explique Damien Hirst. “L’art n’a pas besoin d’exister dans le monde physique, il peut aussi exister dans le monde numérique et maintenant, grâce à la blockchain, il en est de même pour la propriété de cet art.”
Depuis qu’il a créé en 2007 le crâne en diamant, For the Love of God, l’une de ses œuvres les plus connues, l’artiste explique réfléchir aux notions de richesse et de valeur. “Ce projet explore les frontières entre l’art et la monnaie – quand l’art change et devient une monnaie et quand la monnaie devient de l’art”, poursuit-il.