Il est facile de rapprocher Colin Jones du personnage principal du film Billy Elliot. Né en 1936 dans une famille ouvrière britannique, le jeune homme ne fréquente pas moins de treize écoles différentes, tout en bataillant avec sa dyslexie. À l’adolescence, il prend des cours de danse classique, une décision qui lui ouvrira de nombreuses portes tout au long de sa vie. À la fin des années 1950, il intègre la Royal Ballet School, une prestigieuse école de danse classique londonienne.
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Au milieu de célèbres talents du ballet (tels que Rudolf Noureev et Margot Fonteyn), Colin Jones apprivoise l’art photographique. Il immortalise la rigueur des entraînements, la douleur des échauffements, mais aussi les moments de repos et les mondanités entourant les représentations – notamment la princesse Margaret, fervente spectatrice de ballets.
Des danseuses passent le temps en répétitions, pendant l’une des nombreuses tournées régionales du Royal Ballet dans le Royaume-Uni, au début des années 1960. (© Colin Jones/Topfoto)
Danseur avant tout, il approche ses comparses comme l’un des leurs, avec discrétion, sur scène et dans les coulisses, sans que son regard ne se fasse voyeuriste ou documentariste. À Oxford, le centre d’arts North Wall expose une cinquantaine d’images (pour la plupart inédites) de ces quelques années de “Backstage at the Ballet” [“Dans les coulisses du ballet”, ndlr]. Ses images en noir et blanc, prises avec un Leica ou un Nikon F 35mm, font entrer le public dans le microcosme du ballet, de l’acharnement du travail au faste des performances, en passant par l’ennui, la joie et le désespoir.
Le danseur profite de ses tournées pour parcourir le monde et le prendre en photo, à Tokyo ou à Birmingham. Dans les années 1960, Colin Jones se détache de la danse pour faire de la photo son unique passe-temps. Le photojournaliste Michael Peto le prend sous son aile et Colin Jones développe son regard à ses côtés.
Ainsi, il documente les émeutes raciales de 1963 dans l’Alabama, le trafic sexuel aux Philippines en 1969 et immortalise de célèbres visages – Martin Luther King et Mick Jagger en tête. Il n’oublie cependant pas sa première passion et continue de se rendre dans les coulisses des ballets dans les années 1990. L’exposition présentée à Oxford donne un coup de projecteur sur les deux passions qui ont rythmé la vie de l’artiste, aujourd’hui octogénaire.
Étude des pieds d’une danseuse de ballet, à côté d’un mégot de cigarette. (© Colin Jones/Topfoto)
Margot Fonteyn en pleines répétitions de “La Belle et la Bête” du Royal Ballet, au Royal Opera House de Londres. (© Colin Jones/Topfoto)
Margot Fonteyn et Rudolf Noureev du Royal Ballet, s’exercent avant de monter sur scène pour “Le Lac des cygnes” au festival Nervi, en Italie, en 1962. (© Colin Jones/Topfoto)
Une danseuse s’étire avec des poids sur les genoux. (© Colin Jones/Topfoto)
La princesse Margaret (au centre) lors d’une fête au Royal Opera House, avec les ballerines Georgina Parkinson (face à l’appareil) et Antoinette Sibley (dos à l’appareil), dans les années 1960. (© Colin Jones/Topfoto)
Helen Starr dans un cours mixte, dans les années 1960. (© Colin Jones/Topfoto)
Les danseuses de l’English National Ballet en tournée à Hong Kong et en Australie, en 1999. (© Colin Jones/Topfoto)
Autoportrait de Colin Jones pris dans les coulisses de l’Empire Theatre, à Sydney, lors du Royal Ballet tour en Australie et en Nouvelle-Zélande. La première photo qu’il a prise, 1958. (© Colin Jones/Topfoto)
Rudolf Noureev en train de répéter son nouveau ballet “Tancrède” à l’opéra de Vienne, en Autriche, 1966. (© Colin Jones/Topfoto)
Tamara Rojo, à Hong Kong, pendant une tournée de l’English National Ballet, en 1999. (© Colin Jones/Topfoto)
Une danseuse de l’English National Ballet, à Hong Kong, en 1999. (© Colin Jones/Topfoto)
L’exposition “Backstage at the Ballet” est visible au North Wall Arts Center, à Oxford, jusqu’au 7 mars 2020.