Jusqu’au 10 novembre 2019, à l’occasion de Paris Photo, la foire internationale de photographie d’art, le Grand Palais accueille 180 galeries originaires de 31 pays présentant des milliers d’images. Au fil des espaces occupés par cette myriade d’exposants, on tombe sur d’infinies nuances de noir et de blanc, de la couleur en pagaille, d’immenses tirages et de minuscules portraits, de la pure abstraction et des pratiques plus traditionnelles.
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Dans le joyeux brouhaha artistique qui se tient jusqu’à dimanche, nous avons sélectionné trois projets contemporains nous ayant particulièrement tapé dans l’œil.
Le handicap au cœur du travail de Mari Katayama
© Mari Katayama
La galerie Sage expose sous la coupole du Grand Palais les œuvres de la japonaise Mari Katayama. Née avec une hémimélie tibiale qui l’a obligée à se faire amputer des deux jambes lorsqu’elle était petite et a causé une déformation de sa main gauche – qui ressemble à une sorte de pince de crabe –, l’artiste centre son travail autour de sa condition physique et de la façon dont celle-ci façonne son identité.
La photographe crée des autoportraits fantasques dans lesquelles elle se met en scène avec des objets en tissu, imitant la forme de sa main par exemple. À Paris Photo, une de ces œuvres textiles est exposée aux côtés de ses tirages.
Les peluches, morceaux de dentelle, de coquillages et de cheveux qui accompagnent son travail accompagnent la dualité du travail de Mari Katayama, qui oscille entre une “réflexion puissante sur les défis physiques et les peurs psychologiques auxquels elle doit faire face chaque jour” et une recherche esthétique pleine d’humour.
© Mari Katayama
© Mari Katayama
Chad Moore expose les mille visages de la jeunesse
“Lili (équilibre)”. (© Chad Moore/Galerie du jour agnès b.)
Chad Moore expose ce week-end ses clichés aériens sur la jeunesse. Avec force zooms, utilisations de néon et d’ambiances brumeuses, l’artiste présente des tirages argentiques en grands formats.
Si le photographe américain concentre son travail autour de la jeunesse, c’est aussi parce qu’il espère que son travail puisse “toucher des gamins, qu’ils soient américains ou estoniens, voire les inspirer à voir le monde d’une autre façon”, racontait-il à i-D l’année dernière.
Chad Moore immortalise ses modèles dans l’euphorie des moments de fête autant que dans leurs désespoirs adolescents, jouant avec son flash et des effets de couleur.
“Athena (gobelet)”. (© Chad Moore/Galerie du jour agnès b.)
“Tereza (sur la falaise)”. (© Chad Moore/Galerie du jour agnès b.)
Bruno Serralongue et ses reportages photo dans des camps de réfugiés en France
“Groupe d’hommes (le petit déjeuner) dans le bidonville d’État pour migrants à Calais”, jeudi 16 avril 2015. (© Bruno Serralongue/Galerie Air de Paris)
Pendant plus d’une décennie, Bruno Serralongue s’est rendu dans les camps de réfugié·e·s situés dans le nord de la France, aux environs de Sangatte et de Calais. Le photographe a documenté l’absence d’évolution des situations dans lesquelles hommes, femmes et enfants doivent survivre.
Au fil des années, il a pointé son appareil photo sur des habitations précaires, des paysages sensibles aux incendies et aux inondations, des tentatives de débrouillardise et des visages : ceux des individus qui habitent les camps mais aussi ceux des individus qui les délogent.
“Abri n1 Calais”, juillet 2006. (© Bruno Serralongue/Galerie Air de Paris)
“Un incendie ravage le ‘bidonville d’État’ pour migrants au moment de son démantèlement I”, Calais, 26 octobre 2016. (© Bruno Serralongue/Galerie Air de Paris)
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Paris Photo est visible au Grand Palais jusqu’au 10 novembre 2019 inclus.