Vous vous êtes sûrement déjà demandé ce qui avait bien pu se passer dans la tête de Francisco Goya pour peindre le violent Saturne dévorant un de ses fils. Peut-être étiez-vous pétrifié·e à la vue de la Méduse hypnotique de Rubens.
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Aussi fascinantes que perturbantes, ces œuvres d’art ne laissent personne indifférent. De l’expressionnisme autrichien d’Egon Schiele au réalisme du Caravage, de nombreuses toiles vous ont manifestement laissé un souvenir terrifiant si l’on en croit vos réponses à notre sondage sur Facebook : “Quelle est l’œuvre d’art qui vous horrifie le plus ?”
Le Caravage, Judith et Holopherne, 1598. (© Palais Barberini)
On commence fort avec l’une des œuvres les plus perturbantes du XVIIIe siècle : Le Cauchemar de Johann Heinrich Füssli, peinte en 1781. La toile dépeint une femme endormie, vêtue de blanc. Sur son ventre est assis un incube, qui semble tout droit venu des enfers et qui symbolise le cauchemar.
À gauche du tableau, un cheval noir observe la rêveuse de ses yeux blancs démoniaques. L’innocence du sujet endormi contraste avec l’atmosphère glauque de la scène. Ce tableau a souvent été utilisé pour illustrer la paralysie du sommeil. On comprendra donc aisément pourquoi certain·e·s s’évanouissent à la vue de cette œuvre.
Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781. (© Detroit Institute of Arts)
Dans le même esprit, on retrouve évidemment les célèbres œuvres de Francisco de Goya. Si on le connaît surtout pour son illustre Tres de Mayo, commémorant le massacre des 2 et 3 mai 1808, l’artiste conserve un goût prononcé pour l’esthétique dramatique.
Le conflit franco-espagnol marquera durablement son œuvre, donnant lieu à des tableaux parfois dérangeants, souvent horrifiques. On pense notamment à Saturne dévorant un de ses fils ou encore Le Sabbat des sorcières.
Francisco de Goya, Saturne dévorant un de ses fils, 1819-1823. (© Musée du Prado)
Vous êtes également quelques-un·e·s à avoir mentionné l’illustre peintre expressionniste Egon Schiele. Dans la lignée de Gustav Klimt, membre de la Sécession viennoise, Schiele a révolutionné l’art en Europe, grâce à ses nus féminins et masculins, en peignant des corps disgracieux, squelettiques, enfantins aussi…
Un avant-gardisme qui lui valut un petit séjour en prison. En brisant les codes esthétiques du XIXe siècle et en s’éloignant du conformisme de l’époque, le peintre choquait et perturbait l’ordre moral.
Egon Schiele, Autoportrait nu grimaçant, 1910. (© Albertina Museum)
Chez d’autres, ce sont les silhouettes longilignes d’Amedeo Modigliani qui dérangent. Ce peintre et sculpteur italien est aujourd’hui reconnu comme l’une des figures emblématiques de l’École de Paris. Inspirés par les œuvres de la Renaissance italienne, ses portraits énigmatiques font de lui un artiste de renommée mondiale.
Et ça, Andrés Muschietti l’a bien compris. Pour le remake de Ça, sorti en 2017, le réalisateur italien donne vie au portrait de la femme de l’artiste dans une scène terrifiante. La muse de Modigliani prend littéralement vie, possédée par Grippe-Sou.
Amedeo Modigliani, Femme aux yeux bleus, 1918. (© Palais de Tokyo)
On ne le présente plus : Le Caravage a évidemment sa place dans ce classement, en tant que maître absolu du morbide. Ses toiles d’un réalisme cru lui vaudront d’ailleurs d’avoir un courant pictural à son propre nom. Au début du XVIIe siècle, le caravagisme constitue une alternative à l’art académique de l’époque et à l’enthousiasme autour du baroque.
On ne peut évoquer la dimension horrifique des peintures du XIXe sans mentionner Le Cri d’Edvard Munch. Pionnier de l’expressionnisme, cet artiste norvégien représente la mort et l’angoisse dans de nombreux tableaux. Dans Le Cri, Munch peint l’homme moderne en proie à une crise d’angoisse existentielle. Ce chef-d’œuvre est aujourd’hui l’une des cinq œuvres les plus chères au monde.
Edvard Munch, Le Cri, 1893. (© Galerie nationale d’Oslo)
Enfin, la Méduse de Peter Paul Rubens vient clôturer ce classement en beauté. Ici, le peintre flamand opère un saut dans le temps en représentant Méduse, personnage issu de la mythologie grecque. Cette gorgone monstrueuse a le pouvoir de pétrifier quiconque croiserait son regard. Ici, décapitée par le valeureux Persée, il ne reste de la Méduse que sa tête ensanglantée coiffée de serpents. On admirera volontiers le soin apporté aux détails : de ses yeux exorbités aux écailles des reptiles…
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive. Parmi les commentaires, on retrouve aussi l’immense sculpture Maman de Louise Bourgeois, soit le pire cauchemar des arachnophobes. Vous avez également cité Andromaque de Georges-Antoine Rochegrosse ou, plus surprenant encore, les ballons kitsch de Jeff Koons qui enchantent peu les globophobes…
Peter Paul Rubens, Méduse, 1618. (© Musée d’Histoire de l’art de Vienne)