L’Espace Lafayette-Drouot, situé dans le 9e arrondissement parisien, présente une “expérience immersive” dans l’univers d’un des street artistes les plus connus et mystérieux de la planète, Banksy. Présenté à l’origine comme une exposition temporaire, l’événement n’a fait qu’être rallongé jusqu’à, aujourd’hui, devenir une exposition permanente.
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Intitulée “The World of Banksy”, l’exposition fait dialoguer des lithographies issues de collections privées avec des pochoirs de fresques créées par l’artiste aux quatre coins du monde et reproduites par des graphistes anonymes.
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Au sein des 1 200 mètres carrés de l’établissement, le public est invité à se perdre dans les dédales de couloirs, d’escaliers et de recoins exposant les œuvres. Au deuxième sous-sol est exposée une première série de lithographies, plongée dans une ambiance sombre et silencieuse. Les cadres et poteaux guide-file protégeant les images surprennent : on semble bien loin de l’essence du street art, plutôt associé à l’illégalité et au hors les murs.
Recontextualiser par la scénographie
En montant les étages, les salles deviennent de plus en plus spacieuses, claires et bruyantes. Sur les murs, parfois hauts de plus de cinq mètres, sont reproduits des graffitis, regroupés par aires géographiques. Un espace est par exemple dédié aux murs de Bethléem, en Palestine, sur lesquels Banksy a notamment tagué son Flower Thrower, l’homme au bouquet, Armored Dove, une colombe vêtue d’un gilet pare-balles ou encore Girl Frisking a Soldier, la petite fille fouillant un soldat. Au pied de ces reproductions créées par des graphistes internationaux·les dont on ne connaît pas l’identité, des tas de sable, des débris de fer, de carton, de verre et des objets du quotidien jonchent le sol.
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Le gérant des lieux, Hazis Vardar, assure qu’il ne désirait pas proposer “une simple expo de galerie”, mais préférait “créer un choc émotionnel”. En plus de ces décors, des enceintes diffusent des sons d’ambiance : des bruits d’hélicoptère autour de l’espace palestinien et des vrombissements de circulation autour de l’espace new-yorkais, par exemple.
Une exposition paradoxale
Hazis Vardar insiste sur l’importance du lieu où se situe l’œuvre dans le street art : en effet, lorsque Banksy fait apparaître Steve Jobs un baluchon sur le dos dans la “jungle” de Calais ou un enfant avalant des cendres dans la ville la plus polluée d’Angleterre, la géographie est loin d’être anodine et fait partie intégrante de l’œuvre. Le directeur n’est également pas insensible au caractère éphémère du street art. À l’ouverture, en 2019, il assurait qu’à la fin de l’exposition, les créations actuellement présentées seraient recouvertes et effacées à jamais. Le succès de l’exposition semble avoir fait changer d’avis l’équipe.
“The World of Banksy” reste très paradoxal puisque Banksy refuse tout but mercantile : il rejette et dénonce avec ardeur la vente de ses œuvres. L’artiste s’oppose aussi à l’exposition de ces dernières à l’intérieur de musées qui font payer des tickets d’entrée à des œuvres qu’il offre au monde. Lorsqu’on lui fait la remarque, le propriétaire répond : “On ne met pas les œuvres dans des murs, on les met sur les murs, sur des vrais murs.” Pas sûr que Banksy soit d’accord avec cette nuance.
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)
Exposition “The World of Banksy”. (© Lise Lanot)