À contre-courant de ce que véhiculent souvent les magazines, il n’existe pas qu’un seul type de corps. Pour de nombreuses femmes, Instagram est devenu un lieu de diffusion de ces représentations plurielles et de propagation d’un message de positivité à l’égard de nos corps.
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Traduction : Il paraît qu’il faut faire chaque jour quelque chose qui nous effraie. Poster de nouveau cette photo est ce quelque chose du jour pour moi. Bien que je fasse de la marche rapide très régulièrement, que je fasse des squats et que je coure […], j’ai toujours de la cellulite. J’ai passé ma scolarité dans un internat pour filles et, là-bas, j’enviais les filles de ma classe qui ne semblaient pas en avoir et dont les corps m’apparaissaient comme tout simplement parfaits.
Dès que j’ouvrais un magazine, les mannequins et les célébrités que j’y voyais n’avait pas de cellulite – et si elles en avaient, elles se faisaient trasher par les tabloïds ou reléguées aux oubliettes par des journalistes mesquins qui en avaient certainement eux-mêmes (NB : allez bien vous faire foutre). À cause de cela, je voyais ma cellulite comme une étrangeté dont je devais avoir honte.
Ce n’est qu’en vieillissant et en voyant les corps d’autres femmes que je me suis rendue compte à quel point C’EST PUTAIN DE NATUREL. Il n’y a vraiment pas de quoi avoir honte. Ton copain se fiche de ta cellulite, et si ça lui pose problème, plaque-le pour son meilleur pote. Je rigole (quoique…). Comprenez-moi bien, ma cellulite n’est pas la partie préférée de mon corps et je ne crie pas que j’en ai sur tous les toits non plus. Mais je sais que ça ne me rend pas plus moche et ce n’est pas quelque chose dont je devrais avoir honte. Alors ne croyez pas cela non plus ! Pour reprendre les propos de mon vieux pote Kendrick Lamar : “Show me something natural like ass with some stretch marks” [“Montre-moi quelque chose de naturel, comme un cul strié de vergetures”, ndlr].
En 2015, l’agence qui représente la mannequin britannique Charli Howard lui annonce qu’elle est devenue trop grosse pour continuer à travailler avec eux. Charli faisait alors une size 6 (l’équivalent d’une taille 34 en France). Abasourdie par cette remarque, la mannequin s’éloigne des diktats du monde de la haute couture et devient progressivement une voix de la “body positivity”.
Sur son compte Instagram, la jeune femme de 23 ans a récemment posté une photo en noir et blanc de ses mains posées sur ses fesses légèrement dénudées, afin de sublimer sa cellulite et ses vergetures. La photo a été prise par Heather Hazzan qu’elle mentionne dans le post. Cette image est accompagnée d’une légende retraçant sa relation avec son corps, dans laquelle Charli Howard affirme le naturel de ces marques corporelles considérées comme disgracieuses et honteuses, cachées et gommées sur les images de papier glacé. Il est cependant dommage de voir à quel point la publication de cette photo remue les esprits et reste quelque chose d’extraordinaire alors que ce ne sont que des formes tout à fait normales et saines.
#BoPo
Et cette positivité envers les corps et les physiques se fait de plus en plus entendre. Sur Instagram, de nombreuses femmes utilisent le hashtag #BoPo (contraction de “Body Positivism”), afin de partager des images de différents physiques, plus ou moins minces et plus ou moins marqués.
Le site HypeBae précise même que les hashtags prêchant l’acceptation de soi sont légion sur le réseau : #GainingWeightIsCool, #BoycottTheBefore ou #CelluliteSaturday visent à renvoyer des images positives des femmes et parfois même à les aider à sortir de troubles alimentaires. L’idée est de faire de ce qui est considéré comme “honteux” par une majorité, une fierté.
Certains comptes sont même dédiés à ces messages positifs, à l’instar de celui mis en place par Charli Howard et la mannequin Clémentine Desseaux : à travers des images (la plupart du temps signées Heather Hazzan), le @AllWomanProject présente des femmes aux silhouettes variées, de couleurs et d’horizons différents. Les images postées sur ce compte se veulent une ode à la myriade de corps féminins existants.
C’est une tendance qui s’élargit au-delà même des frontières des partages photos ou des voix féminines, puisque, comme le note Charli Howard sous sa photo Instagram, des rappeurs masculins veillent à exprimer cette positivité. Dans son superbe clip “Humble”, Kendrick Lamar loue la beauté naturelle, faisant passer une femme à travers un cadre qui la débarrasse de tous ses artifices en affirmant avec vigueur : “I’m so fuckin’ sick and tired of the Photoshop” (“J’en peux plus de tous ces putains de Photoshop”, ndlr).
D’un autre côté, le rappeur Ludacris a sorti cette semaine la vidéo accompagnant son morceau “Vitamin D”. Le rappeur y apparaît, assez littéralement, avec des abdos en carton. Déguisé en chirurgien esthétique, Luda arbore ses tablettes, entouré de video vixens, avant de se réveiller à la fin de la vidéo, dénué de ses artifices et un peu dépité. Plusieurs médias ont pointé du doigt le fait que ce n’est pas la première fois que Ludacris joue avec son physique dans un clip.
Malgré des procédés très différents les uns des autres, on ne peut nier la proéminence d’un message qui vise à démontrer à quel point il est d’usage de cacher le naturel et à quel point il est important de s’affranchir des codes préétablis.