Le musée d’art contemporain de Denver expose des images inédites de la jeunesse de Jean-Michel Basquiat. Des photos intimes, qui montrent les débuts d’un artiste légendaire.
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Presque trente ans après sa mort, de nouvelles photos inédites de Jean-Michel Basquiat viennent de refaire surface. Des clichés de sa jeunesse, prises par Alexis Alder, sa petite amie de l’époque. Ces images font l’objet d’une exposition événement au musée d’art contemporain de Denver depuis le 11 février dernier. Ces photographies prises entre 1979 et 1980 retracent une période moins connue de la vie de l’artiste, lorsqu’il vivait avec Alexis Alder dans un appartement au sixième étage en plein cœur du quartier d’East Village à Manhattan.
Cette série nous montre le quotidien du peintre d’avant-garde, bien avant que celui-ci ne rencontre le succès. Un moment charnière pour l’artiste, qui commençait tout juste à se faire remarquer pour les nombreux graffiti qu’il signait du pseudonyme de SAMO pour “Same old shit” – ce qui peut se traduire par “toujours la même merde” en français. Ces images nous montrent les impulsions créatrices de l’artiste qui, avant de peindre sur des toiles, peignait tout et n’importe quoi dans son appartement. Alexis Alder raconte cette période :
“Du milieu de 1979 au milieu de 1980, j’ai vécu avec Jean dans trois appartements différents, mais la majorité du temps nous étions dans celui de l’East 12th Street. C’était avant que Jean commence à travailler des toiles, il utilisait tout ce qui lui tombait sous la main, il était constamment en train de créer.
Les rues délabrées de l’East Village lui fournissaient ses matières premières, il portait ses trouvailles sur six étages et les incorporait à ses créations. Jean était capable de gagner de l’argent pour peindre et payer sa part du loyer – qui était de 80 dollars par mois – en vendant des sweat-shirts dans la rue. Il savait qu’il était un grand artiste.”
Dans l’intimité de l’artiste
Ces images d’archives offrent un aperçu rare du processus de création de Basquiat, pionnier de la mouvance underground. Nora Abrams, commissaire de l’exposition, explique au New York Time que ces années immortalisées en images ont vraiment été déterminantes dans la carrière de l’artiste :
“Cette période où Basquiat était avec Alexis a été un moment de transition important car il explorait encore beaucoup de débouchés créatifs avec une passion égale, y compris la musique, la performance, le dessin ou encore l’écriture.”
Les images nous montrent une télévision recouverte d’une épaisse couche de peinture, un réfrigérateur tagué ou encore Jean-Michel Basquiat en train de s’amuser avec de la pâte à modeler ou des lunettes trouvées dans la rue. On y découvre un artiste prolifique, qui crée sans cesse d’une manière quasi viscérale. Si cette période est considérée comme charnière pour l’artiste, elle l’est aussi pour l’homme, car au-delà de documenter la virtuosité du pionnier de la mouvance underground, ces images sont le témoin d’une histoire d’amour. Alexis Adler l’explique d’ailleurs : “Notre appartement débordait d’art et d’amour.”
En partageant ces images, mais aussi des dizaines d’objets d’art ou d’œuvres éphémères, l’ancienne compagne de Basquiat nous permet tout simplement de pénétrer dans leur intimité de l’époque. Un accès privilégié, qui nous permet de mieux connaître l’artiste au style si original et spontané.
Basquiat before Basquiat, musée d’art contemporain de Denver aux États-Unis. Les images ont donné lieu à la publication d’un livre disponible ici.