Elle représente une jeune fille à l’air triste : l’Italie a restitué officiellement à la France mardi une œuvre attribuée à Banksy, en hommage aux victimes des attentats de novembre 2015 à Paris, volée en 2019 et récemment retrouvée dans une ferme non loin de Rome. La “porte de Banksy” a été exposée au palais Farnèse de Rome, qui abrite l’ambassade de France en Italie.
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La date et les conditions de son retour en France n’ont pas été divulguées. Selon l’agence italienne Agi, elle pourrait trouver un écrin au siège de l’Unesco à Paris, une information qui n’a pas été confirmée par l’organisme onusien. Ce pochoir avait été peint courant 2018 sur l’une des sorties de secours du Bataclan, se trouvant dans le passage par lequel de nombreux·ses spectateur·rice·s du concert des Eagles of Death Metal s’étaient échappé·e·s pendant l’attaque terroriste.
Six arrestations
Six personnes ont été arrêtées fin juin en France, au cours d’une vaste opération dirigée par la police judiciaire de Paris, dans les Alpes et dans des régions du Centre. Deux d’entre elles ont été inculpées de vol en bande organisée et les quatre autres de recel de vol en bande organisée.
D’après Agi, deux des suspects sont des Italiens nés en France et huit personnes au total ont été interpellées, tandis qu’un complice présumé est en fuite. Cette porte “est un témoin émouvant pour nous en France”, a déclaré l’ambassadeur au cours de la cérémonie, soulignant “la qualité de la coopération italo-française”.
“Elle a une double valeur, car elle nous rappelle les 90 victimes” de l’attentat contre le Bataclan “et elle a été témoin du massacre”, a ajouté M. Masset, rappelant qu’il s’agissait d’une issue de secours “par laquelle de nombreuses personnes se sont échappées et sont sauves aujourd’hui”.
Un artiste au cœur du débat
Banksy, qui se plaît à garder son identité secrète, avait frappé un grand coup en juin 2018 en disséminant une série de pochoirs, au ton parfois très politique, dans la capitale française. Il avait revendiqué la paternité de huit œuvres sur son compte Instagram, dont la silhouette triste sur la porte du Bataclan, un détournement du tableau Napoléon traversant les Alpes, de Jacques-Louis David ; une fillette dessinant un motif de tapisserie rose sur une croix gammée près de l’ancien “centre de premier accueil” des réfugié·e·s à Paris ; ou encore un petit rat au museau masqué brandissant un crayon (ou un cutter), près du centre Pompidou.
Si à Paris, des élu·e·s se sont réjoui·e·s de son “invasion” artistique, se pose inévitablement le problème de leur possible vol ou dégradation.
Cette dernière œuvre, réalisée sur l’envers du panneau d’entrée d’un parking, a elle aussi été dérobée début septembre 2019. Le centre Pompidou, qui abrite d’importantes collections d’art contemporain, avait déposé plainte “pour vol et dégradation”. Banksy, qui aime à se jouer des médias comme du marché de l’art, est aujourd’hui l’un des artistes contemporains les plus cotés au monde. Dans des villes comme Paris, Londres ou New York, ses œuvres offrent un formidable coup de projecteur sur des sujets au cœur des débats sociétaux, comme la question des réfugié·e·s.
En octobre 2018, l’acheteuse d’une reproduction de l’une des plus célèbres images de Banksy, Girl with Balloon, adjugée près de 1,18 million d’euros chez Sotheby’s à Londres, avait eu la surprise de voir alors la toile s’autodétruire partiellement, grâce à un ingénieux mécanisme caché dans son cadre, découpant en partie l’image en fines lamelles verticales.
Ces dernières semaines, il a reproduit sur son compte Instagram un dessin montrant, à côté du portrait d’un homme noir, une bougie allumée mettant le feu au drapeau américain, en hommage à George Floyd.