“La fenêtre cadre chaque vue qui devient ‘tableau'”, écrit la photographe Ianna Andréadis dans l’introduction de son livre Par nos fenêtres publié aux éditions Creaphis. Après des photos prises à Alger (2003), à Athènes (2013-2016) et pendant la nuit (2020), l’artiste poursuit sa série autour des fenêtres mais, cette fois-ci, à Ivry-sur-Seine, où elle réside.
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“D’Ivry-Port où j’habite depuis 1994, je parcours, explore et photographie tous les quartiers. En réalisant ce projet, je tenais à ce que tous ‘hauts lieux’ de la ville soient représentés.” Le procédé reste le même que pour ses travaux précédents sur ce thème : elle demande aux habitant·e·s de lui envoyer des photos de la vue depuis leurs fenêtres, prises de l’intérieur. Ianna Andréadis en photographie aussi.
“La fenêtre encadre la vie et montre notre relation personnelle avec la ville. La fenêtre me renvoie à des références à la fois picturales et photographiques.” Peinture et photo se confondent alors pour l’artiste qui est, elle-même, peintre et photographe.
“Mon obsession de la fenêtre est due à ce lien-croisement : cadre et tableau, photographie et peinture.” Projet artistique participatif qu’elle a “orchestré” à l’aide d’un appel lancé sur Facebook, Par nos fenêtres a été réalisé en 2020-2021, traversant la période du confinement.
“Les fenêtres étaient l’ouverture sur le monde ‘interdit’, un lieu d’évasion, d’observation du quartier, de contact avec les voisins. Dans ce contexte, partager sa vue était comme une invitation conviviale chez soi, une manière de réaliser un projet ensemble, tout en étant isolés, une façon de se rassembler et de créer des liens. C’était l’occasion de découvrir notre ville autrement, tout en restant enfermés chez soi”, exprime-t-elle.
D’Ivry-sur-Seine, on découvre des cours intérieures et des jardins, les vues panoramiques prises des tours Lénine ou Raspail, des cités Pierre et Marie Curie ou de Monmousseau… On observe surtout les ciels d’Ivry. Parfois, des oiseaux passent ou la foudre apparaît. Le poète turc Nâzım Hikmet (qui a passé une grande partie de sa vie en prison) avait intitulé l’un de ses poèmes “Les Fenêtres”, dont cet extrait aurait pu figurer en exergue du livre d’Ianna Andréadis :
“Les fenêtres
Les fenêtres
Les fenêtres de quarante maisons sont entrées dans ma chambre
Sur le bord de l’une d’elles
Je me suis assis
J’ai balancé mes jambes vers les nuages
Et j’aurais pu dire peut-être
Que je suis heureux.”
Par nos fenêtres, d’Ianna Andréadis, avec un texte de Danièle Méaux, est publié aux éditions Creaphis.