Depuis le jeudi 17 octobre, le centre-ville de Beyrouth connaît une effervescence inédite pour la plupart des Libanais·e·s. Des centaines de milliers de citoyen·ne·s manifestent dans tout le pays depuis bientôt une semaine pour s’élever contre les politiques à la tête du pays, leur corruption et leur implication dans la crise du pays.
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Si le mouvement a débuté après l’annonce d’une taxe sur les appels WhatsApp (“Une mesure destinée à renflouer un peu les finances exsangues du pays mais qui a dû être aussitôt annulée sous la pression de la rue”, rapporte Le Monde), le mécontentement citoyen ne date pas d’hier. Rapidement, les rues sont donc devenues le berceau de l’expression d’une exaspération collective, vieille de nombreuses années.
© Myriam Boulos
La jeune photographe libanaise Myriam Boulos bat le pavé beyrouthin depuis le début des protestations, appareil au poing, afin de documenter ces événements indescriptibles par la parole tant ils condensent des individus différents, “fragmenté[s] comme le Liban” et font preuve d’une totale ambivalence, entre des côtés “agressif[s]” et ”pacifique[s]”, loin de tout tableau manichéen.
Sur son compte Instagram, la photographe partage au jour le jour des images fortes de ces derniers jours, des images en couleurs ou en noir et blanc – aussi disparates que les manifestations, que son pays et que celles et ceux qui le peuplent. Grâce à son flash activé en pleine journée, elle immortalise des visages, des détails des rassemblements, des corps voilés et dénudés et des actions, tantôt sanguines, tantôt paisibles.
© Myriam Boulos
À travers ses images, Myriam Boulos espère montrer toute l’amplitude de ces mouvements, comme elle le détaillait à Sabyl Ghoussoub qui rapporte pour nous ses propos :
“Un mois avant les événements j’étais très affectée par la situation du pays. Entre la crise économique, les incendies, je me sentais impuissante. […]
Le premier jour, c’était super fort et fragmenté, comme le Liban. Chacun s’exprimait à sa façon et étrangement, je me reconnaissais beaucoup plus dans les gens qui brûlaient et cassaient plutôt que dans les slogans bien articulés. Il me semble essentiel que chacun s’exprime à sa façon, qu’on prenne en compte et respecte tous les moyens d’expression et que les médias ne montrent pas uniquement le côté agressif ou pacifique du mouvement. La situation est beaucoup plus nuancée et complexe qu’elle n’y paraît.
Le deuxième jour, j’ai ressenti comme un choc émotionnel et physique, je n’y suis pas allée.
Le troisième jour, c’était fou, magnifique. Il y avait des gens de partout, de tous les mouvements, de toutes les confessions, de tous les âges. Je ressentais comme un désir collectif de changement, que le mouvement dépassait toutes nos individualités. D’habitude, le centre-ville de Beyrouth est vide et triste. Durant ces quelques jours, il y a eu comme une réappropriation de cette partie de la ville et même du pays. J’ai l’impression qu’on sort d’une relation abusive et qu’on réalise enfin notre souffrance. Cette situation d’un État qui ne nous accordait pas nos droits fondamentaux semblait devenir normalisée.”
© Myriam Boulos
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Vous pouvez retrouver Myriam Boulos sur son site et sur son compte Instagram.