Les jeunes ont de moins en moins honte de leur acné et le font savoir avec le hashtag #AcnePositivity

Les jeunes ont de moins en moins honte de leur acné et le font savoir avec le hashtag #AcnePositivity

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

Après le body positivism, il semblerait qu’un nouveau mouvement se dessine peu à peu sur les réseaux sociaux.

La plupart des jeunes vivent en général leur adolescence en complexant sur leur acné. À l’heure où les peaux sont lissées et où les rides et autres aspérités sont balayées par Photoshop, il est compliqué de s’identifier aux top models que l’on voit tous les jours sur des panneaux publicitaires, dans la rue ou les magazines. Alors qu’on connaissait déjà le body positivism et le mouvement #LoveYourLines, un nouveau hashtag semble s’imposer sur Instagram : #AcnePositivity (ou #SkinPositivity).

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Il y a quelques années, nous n’aurions jamais pensé qu’un tel mouvement existerait un jour, au même titre que le body positivism, en raison des nombreux diktats de la beauté imposés par la société et les médias. Aujourd’hui, les jeunes n’hésitent pas à s’exposer et à pousser encore plus loin la tendance du #NoMakeUp. Le hashtag en question réunit encore peu de photos (un peu plus de 200 posts pour le moment sur Instagram pour #AcnePositivity, et plus de 700 posts avec #SkinPositivity) mais des comptes comme Love Your Acne, Accutanee Babe, Acne Positivity, My Face Story ou encore Roaccutane Diaries (suivi par plus de 22 000 abonnés) sont de plus en plus nombreux à émerger. À travers eux, les jeunes documentent leur combat contre l’acné, jour après jour, en partageant leurs humeurs, leurs traitements et leurs conseils.

Des icônes fortes

Une instagrameuse américaine est devenue l’un des jeunes visages les plus connus de ce récent mouvement. À seulement 18 ans, Hailey Wait (aka Pigss) réunit une communauté de plus de 130 000 abonnés auprès desquels elle poste des selfies sans complexe et sans fond de teint, qui laissent apparaître son acné. Depuis qu’elle a onze ans, Hailey souffre d’acné sévère. Très jeune, elle a commencé à s’appliquer de grosses couches de fond de teint pour camoufler ses boutons, ne sortant jamais de chez elle sans en avoir recouvert son visage. À l’époque, elle partage d’ailleurs quotidiennement des photos de son make-up. Puis, à force de ressentir cette pression autour de l’acné et du fait d’avoir une peau parfaite, elle a décidé de faire tomber les masques et de ne plus utiliser de fond de teint :

“J’avais très peu confiance en moi, mais n’oubliez pas que ce n’est pas la fin du monde si vous n’avez pas une peau parfaite. […] Depuis que je me suis confiée à vous, beaucoup de personnes se sont ouvertes à moi, en me parlant de leurs combats, et j’ai envie de vous dire que je suis réellement touchée et incroyablement reconnaissante d’être soutenue par autant de personnes gentilles. J’entends vos histoires et je vous vois vous accepter de plus en plus, pour ce que vous êtes, et selon moi, c’est la chose la plus belle au monde”, peut-on lire dans The Independent.

Dans la cour des grands, on retrouve aussi la blogueuse anglaise Em Ford, de My Pale Skin Blog. Suivie par plus d’un million d’abonnés, elle réalise des tutos beauté sans chercher à cacher son acné. Au fur et à mesure, Em a commencé à partager des photos d’elle sans maquillage, qui lui ont valu de recevoir bon nombre de critiques et de commentaires haineux. Elle a ensuite sorti une vidéo, en 2015, intitulée You Look Disgusting (“Tu ne ressembles à rien”), qui comptabilise aujourd’hui plus de 27 millions de vues et qui l’a érigée en icône du mouvement #SkinPositivity. Depuis, elle assume totalement sa peau et a incité énormément de jeunes à faire de même.

À The Independent, Em Ford confie : “Le fait de voir aujourd’hui d’autres femmes exposer leur peau me rend si heureuse ; j’attends avec impatience le jour où ce ne sera plus un tabou de poster une image de notre visage sans maquillage, complètement normal et naturel”.  Il y a aussi Chessie King, suivie par plus de 300 000 personnes, qui avait posté une photo de son acné pour le World Mental Health Day. Et même Kendall Jenner tweete à ce propos.

Toutes ces femmes n’ont plus peur du regard des autres ni des mauvais commentaires, et c’est une révolution dans la manière que l’on a de considérer notre rapport au corps et à nos imperfections. Influentes, elles sont les porte-parole de jeunes en souffrance et les aident à se sentir mieux dans leur peau. Ce qui aurait été perçu comme honteux en d’autres temps commence peu à peu à être accepté. Contre toute attente, on peut lire beaucoup de messages de soutien que les utilisateurs s’envoient sur les réseaux sociaux. Au-delà de l’acceptation de soi, il s’agit même d’une célébration de ce que l’on considère comme des “imperfections”.

On a d’ailleurs récemment vu passer une série de photos qui célébrait et banalisait l’acné. Si Instagram est considéré comme mauvais pour la santé mentale des jeunes, à travers ces différents hashtags et mouvements, le réseau social tend de plus en plus à être un lieu où les gens s’acceptent, affichent leurs différences et leurs imperfections. Et, qui sait ? Un lieu où l’activisme et l’entraide remplaceront peut-être, petit à petit, le hashtag #foodporn.