Chaque mois, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Approche décoloniale, crise économique au Venezuela, illustre Frida Kahlo et amitiés artistiques… : voici cinq expositions à ne pas rater.
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“Niki de Saint Phalle – Les années 1980 et 1990. L’art en liberté”, aux Abattoirs de Toulouse
Aux Abattoirs toulousains, la vie et les engagements de Niki de Saint Phalle, grande figure écoféministe qui a agi contre le sida, le racisme et le sexisme, sont mis à l’honneur dans une exposition réunissant près de 200 œuvres : son Jardin des Tarots, ses Nanas, ses Skinnies, ses écrits intimes sur les drames de sa vie, et ses œuvres les plus militantes… Cet événement témoigne des (r)évolutions sociétales que ses travaux artistiques ont accompagnées et montre à quel point cette illustre artiste est restée actuelle.
Niki de Saint Phalle dans un de ses fauteuils d’artiste. Montage de sa rétrospective au Centre Pompidou, 1980. (© 2022 Niki Charitable Art Foundation/Adagp, Paris/Photo : Leonardo Bezzola)
Jusqu’au 5 mars 2023.
“Décadrage colonial”, au Centre Pompidou, à Paris
Au travers de “Décadrage colonial”, le Centre Pompidou parisien a décidé d’explorer l’engagement des surréalistes contre la politique coloniale et impérialiste de la France ainsi que les imaginaires que celle-ci a créés. “Ne visitez pas l’exposition coloniale” de 1931, qui se tenait à Vincennes, scandaient les membres de ce mouvement artistique majeur.
À travers une collection de photographies et de documents, l’exposition revient sur “les tensions et les ambivalences qui traversent la production de la nouvelle scène photographique parisienne de cette période : fascination pseudo-scientifique pour les cultures dites de ‘l’ailleurs’, fétichisation et érotisation des corps noirs, participation au renouvellement de l’ethnographie ou encore contribution à l’élaboration d’une nouvelle image de la nation”, décrit le musée.
Jusqu’au 27 février 2023.
“Amitiés, créativité collective”, au Mucem, à Marseille
Le Mucem célèbre les amitiés au XXe siècle, où nombre de poètes, intellectuel·le·s, musicien·ne·s, cinéastes et artistes œuvraient ensemble à des créations collectives. Du “je” au “nous”, certain·e·s s’adonnaient à des “expérimentations intersubjectives”, des écrits en collaboration “automatique” ou des “méthodes de travail coopératives” à l’instar des cadavres exquis pour redéfinir les codes du beau.
“De Picasso à Picabia, de Gabrielle Buffet à Arp, de Hains à Bryen ou Villeglé, de Matta à Brauner, de Brecht à Filliou, de Beuys à Paik, de Castelli à Fetting, de Camilla Adami à Peter Saul, de Klein à Saint Phalle et Tinguely, de Spoerri à Kaprow, de McCarthy à Rhoades, de Roth à Rainer, de Burroughs à Gysin, de Pommereulle à Fleischer, 117 œuvres sont réunies proposant – pour la première fois – différents types d’œuvres collaboratives provenant de collections publiques et privées”, détaille le musée.
En écho à l’exposition “Amitiés, créativité collective”, l’installation “L’ami·e modèle” est à voir jusqu’au 12 décembre 2022. “Imaginée comme une boîte à souvenirs, remplie d’images rappelant des moments de complicité”, dans un salon intime et chargé digne de ceux du XIXe siècle, cette œuvre réunit des “portraits d’artistes réalisés par des artistes” lié·e·s à la fondation Pernod Ricard.
“Amitiés, créativité collective”, jusqu’au 13 février 2023. “L’ami·e modèle”, jusqu’au 12 décembre 2022.
“Venezuela : The Wells Run Dry”, de Fabiola Ferrero, au Réfectoire des Cordeliers, à Paris
Lauréate du prix Carmignac 2022, Fabiola Ferrero expose ses photos de la crise économique et sociale qui décime le Venezuela, où elle est née. “Tout mon travail, au cours des cinq dernières années au Venezuela, a eu un ton très nostalgique, de deuil”, confiait-elle à l’AFP à propos de son reportage photo. Lieux délabrés, abîmés par l’exploitation pétrolière et salière, communautés abandonnées par l’État, vestiges d’un meilleur passé… La photographe livre ici un témoignage social poignant, à voir au Réfectoire des Cordeliers.
Ancien ouvrier des mines de sel, il écrit des poèmes sur les années dorées de son entreprise : “En la voyant transformée en ruines, mon cœur est déchiré, et avec le temps, ils l’ont transformée en ferraille”, peut-on lire dans l’un de ses poèmes. (© Fabiola Ferrero/Fondation Carmignac)
Jusqu’au 22 novembre 2022.
“Frida Kahlo, au-delà des apparences”, au Palais Galliera, à Paris
Cette exposition au Palais Galliera se penche sur un aspect très précis de la vie et l’œuvre de Frida Kahlo : son rapport au corps et à la mode. L’événement tisse des liens entre les objets intimes possédés par la peintre mexicaine et son art. Jupes, tuniques, combinaisons ornées de fleurs, corsets orthopédiques en métal, jambe prothétique, médicaments, lettres… Plus de 200 objets inédits sont dévoilés au grand public.
“Nous voulons nous éloigner de l’exotisme qui l’entoure, et que les gens puissent voir qu’elle est bien plus qu’une simple commodité ou image […]. Frida Kahlo a brisé beaucoup de tabous à travers son corps, évoquant handicap, convictions politiques et son identité non binaire, bien avant les débats d’aujourd’hui”, expliquait la commissaire d’exposition Circe Henestrosa à l’AFP.
Frida Kahlo, 1937. (© Toni Frissell/Vogue US, Condé Nast)
Jusqu’au 5 mars 2023.