Une exposition de près de 200 œuvres de Niki de Saint Phalle, au musée des Abattoirs de Toulouse, met en lumière les décennies 1980 et 1990 de l’artiste et son engagement contre les discriminations.
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Un immense rideau, constitué de dizaines de ballons évoquant l’une des célèbres Nanas de Niki de Saint Phalle, nous accueille et révèle les œuvres monumentales qui se cachent derrière, dans l’espace central : un monstre du Loch Ness tout en miroirs, des totems de mosaïques, un bestiaire coloré de la Femme Serpent, des sculptures tubulaires des Skinnies…
Sur deux niveaux, l’exposition “Niki de Saint Phalle – Les années 1980 et 1990. L’art en liberté” – prévue jusqu’au 5 mars 2022 – présente une période “très mal connue et parfois très mal comprise” où l’artiste était “très libre”, explique Annabelle Ténèze, directrice du musée d’art moderne.
Niki de Saint Phalle, née en France en 1930 et décédée aux États-Unis en 2002, est devenue célèbre dans les années 1960 par ses plantureuses et joyeuses Nanas, ainsi que ses Tirs, performances où elle tire à la carabine sur des poches de peinture, éclaboussant des tableaux-assemblages.
Puis, durant les décennies 1980-1990, elle devient cheffe de chantier pour réaliser un de ses plus grands chefs-d’œuvre : Le jardin des Tarots, dans la campagne toscane, où elle a bâti vingt-deux gigantesques sculptures comme autant d’arcanes. Elle y a travaillé vingt ans et, pour financer ce projet, elle a créé son propre parfum, lancé aux côtés d’Andy Warhol.
L’exposition témoigne aussi de sa liberté d’expression, son féminisme, son attachement à la nature et sa révolte contre toute forme d’injustice, notamment par ses sculptures célébrant des Black Heroes tels que l’artiste Joséphine Baker, ou ses livres retraçant son engagement dans la lutte contre le sida et la discrimination des malades.
Avant-gardiste, Niki de Saint Phalle parlait “aux générations futures”, et “ce focus sur les années 1980-1990 est très important” car les jeunes d’aujourd’hui comprennent “mieux les différentes choses que Niki adressait” comparé à ses contemporain·e·s, a estimé sa petite-fille, Bloum Cardenas, directrice de la Niki Charitable Art Foundation, lors de la présentation de l’exposition.
Avec l’artiste Jean Tinguely, son mari, elle a aussi créé la fontaine Stravinsky et ses automates près du musée Beaubourg à Paris. Le couple avait une “imagination dingue, ne s’arrêtait jamais”, se souvient Bloum Cardenas, qualifiant Niki de Saint Phalle de “magicienne” qui refaisait le monde, imaginait, “parlait de choses et après, elles existaient dans la réalité”.