Le 30 août 2021, Drake dévoilait la cover de son album à venir, Certified Lover Boy, réalisée par l’artiste Damien Hirst. Représentant “les émojis de douze femmes à la couleur de peau différente”, la pochette était loin de faire l’unanimité et avait fait couler de l’encre sur les réseaux sociaux. Pendant quelques jours, Internet était devenu une cour de récré où se moquer de la collaboration entre Drake et Damien Hirst.
À voir aussi sur Konbini
Cela n’a cependant pas entaché le succès de l’album, qui a réalisé le “meilleur démarrage d’album de tous les temps sur Apple Music” et “le record d’écoutes en 24 heures sur ce dernier ainsi que sur Spotify“. Comme à son habitude, Damien Hirst a décidé de ne pas rester sur le bas-côté et de surfer sur la discussion. Sur son compte Instagram, il a annoncé la création de 10 000 NFT gratuits, imaginés d’après la fameuse pochette.
Le projet, appelé Great Expectations (“De grandes attentes”), est sorti comme un “cadeau de Thanksgiving” a annoncé l’artiste britannique. Un cadeau pas accessible à tou·te·s ceci dit, puisqu’il est réservé aux connaisseur·se·s de crypto-art. Pour bénéficier de cette offre, il est nécessaire d’avoir participé à la toute première vente de NFT de Damien Hirst, “The Currency”, qui a eu lieu en juillet 2021.
Dire “tout et rien à la fois”
L’artiste affirme avoir créé cette nouvelle série avec “le soutien et la bénédiction de Drake”. Sur Instagram, il s’est lancé dans une longue apologie de son projet, toute en paradoxes : “Je voulais que ça dise tout et rien à la fois. Qu’il y ait quelque chose pour tout le monde. Quelque chose dont on parle, qu’on ne peut pas ignorer.”
© Damien Hirst
Son inspiration semble également s’être logée dans les pouvoirs conjoints de l’art et de la maternité, des forces créatrices inextricablement liées, ainsi que – clairement – dans la volonté de plaire à tout le monde :
“Comme tout grand art, ça a l’air facile mais on a travaillé dur sur ce projet, on voulait que ce soit pop, de l’art majeur et mineur en même temps, ça devait être ironique tout en restant iconique, ça devait être optimiste et rempli d’espoir, international, un objet de beauté que tout le monde et n’importe qui pouvait comprendre […].
Je me suis dit : tout le monde aime sa mère (enfin presque tout le monde), tout le monde aime les bébés et le futur, tout le monde aime la couleur, tout le monde aime l’art, tout le monde aime la liberté et les émojis. Finalement, c’est quoi la vie ? Si ce n’est l’espoir de la maternité ? Les idées naissent, les familles naissent, l’art naît, les images naissent, la musique naît, et tout cela avant qu’on meure.”
© Damien Hirst
Pour Damien Hirst, les séries de “douze ventres” correspondent à “douze cadeaux qui représentent des possibilités infinies. Comme la boîte de Pandore”. “On naît, on regarde autour de nous, on meurt”, conclut l’artiste. Il y en a de la philosophie dans ces multitudes de personnes enceintes réalisées à l’aérosol.