La vente aux enchères d’un Caravage exceptionnel fait scandale à Rome

La vente aux enchères d’un Caravage exceptionnel fait scandale à Rome

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© Caravage/Galerie des Offices, Florence

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

"Il s’agit probablement d’une des premières œuvres de Caravage et elle traite un sujet mythologique alors qu’il peignait quasi exclusivement des œuvres de caractère religieux."

Le Casino de l’Aurore, résidence romaine des princes Boncompagni Ludovisi, ornée de l’unique peinture murale signée du Caravage, a été mis aux enchères à Rome, au grand dam d’amoureux·ses de l’art qui demandent à l’État italien de s’en porter acquéreur. Outre la peinture exceptionnelle, cette demeure de 2 800 mètres carrés, située en plein centre de Rome, vante des fresques du Guerchin et un somptueux jardin.

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La presse italienne, qui n’hésite pas à parler de “la vente aux enchères du siècle”, bruisse de rumeurs sur les noms des potentiel·le·s acquéreur·se·s, citant entre autres Bill Gates ou encore le sultan de Brunei. Le palais est estimé, dans son ensemble, à 471 millions d’euros, soit un quart du budget annuel du ministère de la Culture italien. La vente aux enchères a été décidée par un tribunal de Rome pour mettre fin aux bisbilles entre les héritier·ère·s du prince Nicolò Ludovisi Boncompagni, chef de cette antique famille de la noblesse romaine, décédé en 2018.

Le litige oppose la troisième et dernière épouse du prince, Rita Boncompagni Ludovisi, une Américaine de 72 ans, aux enfants né·e·s de son premier mariage. Beaucoup souhaiteraient profiter de cette occasion unique pour que ce joyau soit racheté par l’État italien, comme le demande la pétition intitulée “SOS culture vendue au rabais”, publiée sur le site change.org et qui a déjà recueilli près de 35 000 signatures. Mais l’investissement est considérable dans le contexte de la relance économique engagée par la troisième économie de la zone euro, après des mois et des mois de confinement et de ralentissement de l’activité.

“Le Casino de l’Aurore, c’est-à-dire ce qui reste de la Villa Ludovisi, chanté par Nicolas Gogol, Henry James et Gabriele D’Annunzio comme une merveille de l’Italie, […] sera vendu aux enchères à des particuliers, alors que l’État aurait dû exercer son droit de préemption sur la peinture inestimable du Caravage, évaluée à 350 millions d’euros”, dénonce la pétition.

Un musée ?

Selon les médias italiens, le ministre de la Culture, Dario Franceschini, a écrit courant janvier au Premier ministre, Mario Draghi, et à son collègue de l’Économie, Daniele Franco, pour les sensibiliser à l’affaire. En vertu de la législation italienne, le gouvernement ne peut exercer son droit de préemption qu’après son acquisition effective par un·e particulier·ère, dans un délai de soixante jours après la conclusion de la vente et en proposant le même prix d’achat.

L’œuvre du Caravage (de son vrai nom Michelangelo Merisi, 1571-1610), qui daterait de 1597, se trouve au premier étage de la demeure. Cette peinture à l’huile du maître du clair-obscur, mort prématurément à 38 ans, représente Jupiter, Pluton et Neptune avec, au centre, le globe terrestre et les signes du zodiaque.

“Il s’agit probablement d’une de ses premières œuvres […] et elle est très intéressante parce qu’elle traite un sujet mythologique alors que le Caravage a peint quasi exclusivement des œuvres de caractère religieux”, estime l’historien d’art et ex-conservateur de musée Claudio Strinati dans un entretien avec l’AFP.

Le nom du Casino de l’Aurore, né comme une dépendance de la Villa Ludovisi aujourd’hui disparue, est dû, en revanche, à la fresque du Guerchin représentant la déesse Aurore sur son char. “Il s’agit d’un édifice très beau, très important, avec la présence de ces peintures très belles, donc ce serait très positif qu’il devienne un bien public et puisse accueillir un musée et des activités culturelles”, juge le professeur Strinati.

Aucun·e preneur·se

La vente aux enchères, à laquelle ont été invité·e·s des milliardaires du monde entier dont la liste est tenue secrète, a débuté mardi 18 janvier à 15 heures locales (14 heures en France) et a duré 24 heures. Le prix minimal de départ a été fixé à 353 millions d’euros. N’ont été admis·es à enchérir que les amateur·rice·s ayant versé 10 % de l’enchère de départ.

À l’issue de la vente, la prestigieuse villa n’a finalement pas trouvé acquéreur·se. “Personne n’a participé à l’enchère”, a indiqué Camillo Verde. La prochaine vente aura lieu le 7 avril pour une estimation revue à la baisse de 376,8 millions d’euros, soit une ristourne de 20 %.

Konbini arts avec AFP