La série Journey to the Center de Cristina de Middel a remporté le prix Virginia 2019, succédant à la lauréate Cig Harvey. La photographe espagnole a été récompensée pour ses images réalisées à la frontière mexicaine qui sépare l’Amérique latine et les États-Unis. Elle y a documenté le chemin que les migrant·e·s empruntent, plein·e·s d’espoir d’une vie meilleure. Ce projet fait désormais l’objet d’un livre publié par les éditions Textuel.
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Au carrefour entre photographie documentaire et conceptuelle, la photojournaliste a mis en scène les histoires que ces migrant·e·s lui ont racontées et les paysages qui jalonnent leur périple vers l’Eldorado. Une photo de famille posée au pied d’un mur de séparation ; un homme qui fait du saut en hauteur près du mur ; ou encore un terrain aride rempli de bidons d’eau vides…
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
Une série loin des “stéréotypes réducteurs”
Cette série – toujours en cours – fonctionne par métaphores visuelles, et mêle réalité et fiction. En laissant des indices et des symboles, De Middel s’approprie la documentation traditionnelle de l’immigration. L’idée de ce projet photographique a mûri lors d’un voyage, en 2015, qui a amené l’artiste à explorer la Californie, l’Arizona et la frontière mexicano-américaine.
“J’ai découvert par hasard un lieu qui s’appelle Felicity, qui est le ‘centre officiel du monde’. C’est un endroit très étrange, au sein duquel trône une pyramide de granite, construite par un Français. Et ce qui m’a choquée, c’est que l’on peut voir, depuis cette installation, la frontière mexicaine, qui traverse le désert”, narre De Middel à ‘Fisheye‘.
Cette pancarte a été le point de départ de Journey to the Center, dont le nom est inspiré du Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne – que la photographe a relu avant d’entamer cette série.
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
Résidant au Mexique pendant cette période, la photographe est allée à la rencontre de celles et ceux qui risquent leur vie pour un avenir meilleur, suivant leur traversée en train ou dans des caravanes. Cristina de Middel n’avait qu’une chose en tête : photographier avec dignité les personnes qui lui ont ouvert les portes de leur intimité, comme des héros ; s’éloigner des codes habituels de la photographie documentaire propres à la crise migratoire ; et montrer le rôle complexe que joue le Mexique dans cette crise.
“La traversée du territoire [mexicain] représente l’étape la plus dangereuse de tout le voyage ! Celle-ci se déroule dans un territoire aussi beau que menaçant, peuplé de personnages aussi victimes qu’agents. J’aime mélanger tout cela, pour ouvrir le débat. Montrer plein d’angles différents et ne pas tomber dans des stéréotypes réducteurs.”
Cette série est avant tout la somme et “l’aboutissement” de toutes ses interrogations, conclut-elle.
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
“Journey to the Center”. (© Cristina de Middel)
Cette série fait l’objet d’un beau livre aux éditions Textuel.