La tour Eiffel sera vêtue d’or pour 2024

La tour Eiffel sera vêtue d’or pour 2024

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© Pawel Libera/The Image Bank Unreleased/Getty Images

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Un gros lifting à 50 millions d’euros, pour les Jeux olympiques.

Le ballet des visiteur·se·s a été remplacé par celui des peintres et les flashes des téléphones par le raclement des grattoirs : à presque 132 ans, la tour Eiffel s’offre le plus gros lifting de son histoire dans la perspective des Jeux olympiques de 2024.

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Pour sa vingtième campagne de peinture, la célèbre Dame de fer, l’un des monuments les plus fréquentés au monde dans l’ère pré-Covid-19, n’a pas fait les choses à moitié : exit, sur l’arc sud, les 19 couches de peinture précédentes dont l’épaisseur pouvait atteindre trois millimètres.

Exit également la couleur “brun tour Eiffel” que revêtait depuis 1968 l’édifice de 324 mètres, symbole de Paris avec Notre-Dame et la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. La tour qui, à l’origine, était rouge lors de sa présentation à l’exposition universelle de 1889, va retrouver la couleur “jaune-brun”, voulue par Gustave Eiffel en 1907.

“Ça va donner un côté un peu plus ‘gold’ à la tour Eiffel au moment des Jeux olympiques par rapport à la couleur qu’on avait l’habitude de voir”, souligne Patrick Branco Ruivo, directeur général de la Sete, la société d’exploitation du monument. “On peut d’ores et déjà voir la nouvelle couleur quand on regarde le sommet. Ce n’est pas révolutionnaire, mais quand il y a un beau ciel bleu sur Paris, on voit des effets un peu métalliques, brillants”, ajoute-t-il.

Protocole renforcé

Entamé en 2019 pour une fin programmée en novembre 2022, le chantier – décapage et peinture – est titanesque au vu des 18 000 pièces reliées par 2,5 millions de rivets. Chiffrée à cinquante millions d’euros, l’opération a nécessité un protocole sanitaire renforcé pour le décapage, compte tenu de la présence de plomb dans les peintures précédentes.

Aux équipements spécifiques et espaces de décontamination s’est ajoutée une cinquantaine de prélèvements par semaine sur le chantier et dans les différents espaces de la tour, énumère Alain Dumas, directeur technique de la Sete. “On est extrêmement prudents en matière de sécurité, c’est notre priorité”, assure-t-il, quelques semaines après la publication d’un article faisant état de trois relevés supérieurs à la normale. “Une semaine après, on a refait une mesure aux emplacements indiqués et on avait des valeurs tout à fait satisfaisantes et inférieures au seuil requis.”

Le décapage ne concerne à ce stade que 2 % de la structure et se concentre sur l’arc qui donne sur le Champ-de-Mars, le plus soumis au vent, à la pluie et au soleil et, de fait, le plus dégradé. Une dégradation prévue par Gustave Eiffel, qui avait lui-même préconisé de renouveler la couche de peinture tous les sept ans. Un rythme respecté depuis avec, cette année, un changement de nuance.

“Pourquoi Gustave Eiffel a-t-il choisi la couleur jaune-brun ? Sans doute pour que la tour Eiffel soit en écho avec l’ensemble de la grande ville de Paris, ville de pierre de taille, de pierre calcaire”, souligne Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques.

Accrobranche

À plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol, équipés de harnais, d’outils et d’un pot de peinture, les peintres passent d’une pièce à une autre. Suspendus par des cordes, ils gravitent autour des 20 000 petites lampes qui font scintiller chaque soir à la tombée de la nuit la tour pendant cinq minutes toutes les heures.

“On se déplace la plupart du temps comme sur un parcours d’accrobranche”, explique Antoine Olhagaray, peintre cordiste de 22 ans. Avec “une vue en plus”, complète à ses côtés Charles-Henry Piret : “On n’a pas l’occasion tous les jours d’être suspendus sur une corde à 300 mètres de haut.”

Ont-ils l’impression d’être, près de 70 ans après, les descendants du peintre de la tour Eiffel immortalisé par Marc Riboud en 1953 ? “On est dans la continuité”, estime Charles-Henry qui se dit prêt à “reproduire cette photo version 2021”. À une différence près : eux poseraient retenus par des cordes quand leur “ancêtre” posait nonchalamment, cigarette au bec et chapeau sur la tête, tenant d’une main un pinceau et de l’autre un pilier de la tour, la ville à ses pieds.

Édit du 15/03/2021 : Le chantier de peinture en cours sur la Tour Eiffel est suspendu depuis le 3 février 2021, en raison des traces de plomb mesurées “en surface, dans l’enceinte du monument”, a indiqué la société d’exploitation du monument (Sete) à l’AFP. “Malgré toutes les précautions prises dès la conception du chantier (protections collectives et individuelles, procédures renforcées de séparation des espaces, mesures permanentes), la Sete a constaté une récurrence de prélèvements indiquant une augmentation des taux de plomb présents en surface, dans l’enceinte du monument, et a ordonné, à titre de précaution, aux entreprises en charge des travaux de suspendre le chantier de peinture”, a indiqué la Sete à l’issue de son conseil d’administration.

Actuellement en train de “réétudier le mode opératoire, les mécanismes de protection individuelle et collective, les techniques d’entretien et de peinture”, l’exploitant n’a pas encore fixé de calendrier de reprise des travaux. La Sete a augmenté le nombre de points de contrôle – 70 au lieu de cinquante auparavant – ainsi que leur fréquence, désormais hebdomadaire. Suivant l’exemple de la Cathédrale Notre-Dame, elle a demandé que “les résultats de ses prélèvements aux abords du monument soient publiés en open data sur le site de l’Agence régionale de santé (ARS)”.

Pour la vingtième campagne de peinture de la célèbre Dame de fer, l’un des monuments les plus fréquentés au monde dans l’ère pré-Covid, il a été choisi de retirer les couches de peinture détériorées de près de 30 % de la surface de l’édifice, là où les campagnes précédentes n’en prévoyaient que 5 %, afin “d’améliorer l’adhérence de la peinture sur la structure”. C’est ce décapage qui a fait ressortir la présence de plomb présent dans les couches précédentes. La suspension des travaux aura un impact sur la durée et le coût, prévient l’exploitant sans pouvoir encore les quantifier.

En raison de la crise sanitaire, la Sete a par ailleurs annoncé un déficit de 52 millions d’euros au titre de l’année 2020. Fermée lors des deux confinements, de mi-mars à fin juin 2020 puis à partir de fin octobre 2020, la Tour Eiffel, inaugurée il y a 132 ans, n’a été accessible que la moitié de l’année. Le site, qui compte environ 340 salarié·e·s, a recours à l’activité partielle.

Konbini arts avec AFP.