Ai-Da assoit sa place en tant que petite star de l’art contemporain. Elle a déjà vendu des œuvres pour un million de dollars, écrit des poèmes et elle s’est même retrouvée en garde à vue lors d’un voyage artistique – comme tout·e artiste qui se respecte. Ce ne sont pas tant les œuvres d’Ai-Da qui tirent leur épingle du jeu et lui confèrent ce statut de célébrité mais plutôt sa constitution : elle n’est pas faite de chair et de poils mais de câbles et de caméras.
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Ce sont justement ces caméras intégrées à ses yeux qui permettent à l’intelligence artificielle d’Ai-Da de traduire les informations que la robote “voit” en une série de traits. Une interprétation qui vient donc bien d’Ai-Da mais qui a été préprogrammée par le code de la machine. Depuis sa conception en 2019, elle fascine celles et ceux qui s’en approchent.
Ce mardi 15 octobre, Ai-Da s’est même retrouvée face à la Chambre des Lords britannique afin de se faire entendre sur une session portant sur “l’impact de la technologie sur les industries créatives”. L’idée était d’interroger la menace que peuvent représenter les intelligences artificielles pour “la créativité” artistique.
Les questions posées à Ai-Da lors de la session avaient été soumises à la robote et son créateur, le galeriste Aidan Meller, afin d’assurer une “qualité supérieure” des réponses permises par l’intelligence artificielle, rapporte Artnet. Ces préparations ont permis à l’artiste-robote d’affirmer que “le rôle de la technologie dans l’art ne cessera de croître pendant que les artistes trouveront de nouveaux moyens d’utiliser ces avancées pour s’exprimer, s’interroger et explorer les relations entre la technologie, la société et la culture”.
Il semble que, pour Ai-Da, prendre peur de l’ombre menaçante de la technologie sur l’art de demain est quelque peu hypocrite puisque “la technologie a déjà un gros impact sur la façon dont on crée et consomme l’art” dès maintenant. Elle cite par exemple les avancées numériques photographiques. Quelque peu langue de bois, la robote affirme voir la technologie autant comme “une menace qu’une opportunité pour les artistes”. Rien de moins flou, Ai-Da ?
Des avancées terrifiantes ?
Ai-Da a été fabriquée par l’entreprise Engineered Arts, celle-là même qui fabrique les robots de la série Westworld, et a été imaginée par l’inventeur et galeriste Aidan Meller. Ses bras articulés ont été imaginés par des ingénieur·e·s de Leeds, et les algorithmes et l’articulation de l’ensemble ont été coordonnés par Meller lui-même aux côtés d’une équipe d’Oxford. Le nom d’Ai-Da a été choisi en hommage à Ada Lovelace, mathématicienne et précurseure en programmation informatique.
Aidan Meller accompagne toujours sa “création”. Devant la Chambre des Lords, il a expliqué quelque chose qui, il le conçoit, “est très dérangeant pour les êtres humains”. “On l’interroge quant à son travail, quant à ce qu’elle aimerait faire et quelles idées elle a. On peut avoir une conversation très collaborative quant aux données qu’elle pourrait regarder [pour créer].”
La baronne Featherstone (membre libéral démocrate de la Chambre des Lords) a répondu se sentir “en partie terrifiée” face à ces explications : “On ne peut s’empêcher de penser à tous ces films sur des intelligences artificielles qui s’emparent du monde.” Aidan Meller, lui, insiste : c’est de l’art contemporain, rien de plus. Pas sûr que cela suffise à rassurer les sceptiques qui ont peur d’une attaque d’artistes automates.