Instagram aurait un impact positif sur les jeunes, selon son patron Adam Mosseri

Instagram aurait un impact positif sur les jeunes, selon son patron Adam Mosseri

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© Gabrielle Henderson/Unsplash

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Face aux élus états-uniens, le patron du réseau social a joué la mauvaise foi.

Instagram “peut aider” les jeunes en difficulté, et “œuvre pour le bien” des ados, a affirmé son patron Adam Mosseri durant son audition devant le Congrès états-unien, prenant le contrepied des récentes accusations formulées contre le réseau social, face à des parlementaires qui ont affirmé le contraire.

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“Parfois, les jeunes vont sur Instagram alors qu’ils sont en train de vivre des choses difficiles dans leurs vies”, a déclaré celui qui dirige cette filiale de Facebook (devenu Meta) depuis trois ans. “Je pense qu’Instagram peut aider beaucoup de jeunes dans ces moments-là.”

Durant deux heures et demie, Mosseri n’a pas semblé céder une seule seconde à la pression, répondant calmement aux sénateur·rice·s qui ont pourtant fait assaut de critiques à son endroit. Il a déroulé une liste de mesures prises par Instagram pour rendre la plateforme plus sûre pour les jeunes, tout en défendant les résultats des recherches internes qui ont récemment fuité et nourri les critiques à l’encontre du réseau social.

L’une des études, datant de 2019, révélait qu’Instagram renvoyait une image personnelle négative pour un tiers des jeunes filles de moins de 20 ans. Une autre, datant de 2020, montrait que 32 % des adolescentes estimaient que l’utilisation du réseau social avait aggravé l’image de leur corps lorsqu’elles n’en étaient déjà pas satisfaites.

“Les propres recherches de Facebook ont alerté la direction, vous y compris, durant des années sur l’impact dommageable d’Instagram sur la santé mentale des ados”, lui a lancé le sénateur Richard Blumenthal, qui préside la sous-commission sur la protection des consommateur·rice·s devant laquelle s’exprimait M. Mosseri.

Pour autant, Facebook “a continué à profiter de ces contenus dérangeants parce que cela signifiait plus de trafic, de publicité et de dollars”, s’est indigné l’élu démocrate. “Nous avons le même but, a répondu Adam Mosseri, nous voulons que les jeunes se sentent en sécurité sur Internet.” 

Le dirigeant s’est engagé, à la demande de M. Blumenthal, à donner accès à une partie du produit de ses recherches internes. Il s’est aussi dit favorable à un nouveau cadre réglementaire pour les entreprises technologiques. M. Mosseri a refusé de renoncer publiquement à la création d’un Instagram pour les moins de 13 ans, promettant simplement que le réseau social ne créerait pas de comptes pour les 10-12 ans qui puissent être ouverts sans le consentement des parents.

“Un peu d’empathie”

Enseveli par les sénateur·rice·s sous les exemples de jeunes gens victimes de ce que les élu·e·s considèrent comme les travers du réseau social, le trentenaire en costume-cravate a défendu pied à pied Instagram, poliment mais fermement.

“Nous vous parlons de jeunes qui se font du mal à eux-mêmes, qui reçoivent des informations qui détruisent leur vie, et nous vous demandons de montrer un peu d’empathie”, a lâché Marsha Blackburn, cheffe de file des républicain·e·s au sein de la sous-commission. “Et il semble que vous n’y arriviez pas.”

Adam Mosseri s’est dit favorable à la création d’une organisation chargée de définir les meilleures pratiques pour le secteur. Mais l’idée n’a pas séduit les sénateur·rice·s, qui entendent aller “beaucoup plus loin que ce que vous avez proposé”, lui a répondu Richard Blumenthal. “L’auto-régulation, basée sur la confiance, n’est plus une solution viable. […] La législation arrive.”

Mi-novembre, plusieurs États états-uniens ont ouvert une enquête pour déterminer si Meta avait délibérément laissé les enfants et les ados utiliser Instagram en sachant que la plateforme pourrait nuire à leur santé mentale et physique. À la veille de l’audition, Instagram avait annoncé une série de mesures censées renforcer la protection des plus jeunes.

L’application va notamment empêcher les utilisateur·rice·s de mentionner dans leurs publications des ados qui ne sont pas abonné·e·s à leur profil. Elle avait déjà rendu les comptes des mineur·e·s privés par défaut, dès leur inscription.

Le réseau social va aussi proposer, en mars 2022, des outils pour permettre aux parents de voir combien de temps leur enfant passe sur l’application et instaurer des limites. Les jeunes auront prochainement accès à un centre d’information avec des tutoriels et des conseils d’expert·e·s.

Autre nouveauté, Instagram lance, sur tous les grands marchés anglophones, l’option “Fais une pause”, qui suggérera un arrêt d’utilisation pendant un temps donné. Le sénateur Blumenthal a qualifié ces mesures de “petits pas”, “pas très impressionnants”. “Une pause ?, a dit l’élu. Ce n’est pas ça qui va sauver les enfants de leur addiction.”

Konbini arts avec AFP