Du tourbillon “hypnotique” d’Anish Kapoor à la lune fantasmée de Mao Tao, du street art californien à des créations vidéo corse ou marseillaise, Bonifacio accueille sa première biennale internationale d’art contemporain : De Renava.
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À l’extrême Sud de l’île méditerranéenne, une quinzaine d’artistes français·es, marocain·e·s, états-unien·ne·s, britanniques, brésilien·ne·s, néerlandais·es, turc·que·s et chinois·es exposent leurs œuvres jusqu’en novembre 2022 dans six lieux emblématiques pour la plupart “restés fermés au public jusqu’à présent”, offrant “une “redécouverte patrimoniale et artistique de la ville”, explique à l’AFP Dominique Marcellesi, l’un des deux créateurs de cette biennale.
Dans cette cité de 3 000 habitant·e·s qui accueille deux millions de visiteur·se·s chaque année, notamment l’été, cette première exposition, baptisée “Rouge Odyssée”, fait référence à L’Odyssée d’Homère qui est passée par Bonifacio. Elle présente des installations et vidéos immersives ainsi que des graffitis, autour de la Méditerranée et des thèmes de l’exil, du déracinement, des mouvements migratoires ou de l’esclavage.
“Nous souhaitions amener dans un espace rural et insulaire une offre culturelle habituellement cantonnée aux grands espaces urbains et mondialisés”, tout en mettant “aussi en lumière la production artistique corse”, commente Dominique Marcellesi. L’exposition a été pensée en trois parties, la première évoquant “le mouvement des éléments, du temps, de la nature”, détaille-t-il.
Une programmation riche
Le parcours débute à la microchapelle Saint-Roch qui n’ouvre habituellement ses portes qu’une fois par an pour une messe, avec Lavezzi, un film de l’artiste corse Mélissa Epaminondi montrant une mer Méditerranée filmée au ras de l’écume, calme ou déchaînée, puis parée d’un filtre rouge évoquant “autant le désir que le danger”, pointe Prisca Meslier, cofondatrice de la biennale.
Puis, dans le jardin du bastion, le regard glisse du panorama époustouflant des falaises blanches de calcaire plongeant dans le bleu de la Méditerranée à l’œuvre Descension du célèbre plasticien britannique Anish Kapoor : un tourbillon de liquide noir de trois mètres de diamètre qui semble disparaître dans le sol, à l’infini, dans un bruit d’ogre.
Déjà exposée, notamment à Versailles et New York, “cette œuvre est la plus emblématique de l’exposition, elle a nécessité une énorme ingénierie pour l’intégrer à l’architecture bonifacienne qui est protégée”, souligne Prisca Meslier.
Pour la deuxième partie de l’exposition, sur “le mouvement des corps, des individus dans l’espace”, la déambulation à travers la ville haute mène jusqu’à l’ancien cinéma, fermé en 1965, qui accueille les créations de deux artistes : le film The Leopard du Britannique Isaac Julien sur l’exil migratoire et l’œuvre visuelle de la féministe turco-française de 84 ans Nil Yalter, née au Caire et élevée à Istanbul : “La Méditerranée, c’est elle”, résume la curatrice.
Pour la troisième partie, qui scrute “l’étape de la rencontre”, direction la caserne Montlaur, fermée depuis la fin des années 1980. Le site accueille six artistes. Brille notamment la jeune Marseillaise Sara Sadik, avec deux œuvres dont un film projeté sur écran géant, qui puise dans l’univers graphique des jeux vidéo et raconte les aspirations de Zine, jeune homme des quartiers populaires de la cité phocéenne.
Figure également l’artiste chinois Mao Tao avec Fishing the Moon, une mise en valeur lumineuse et liquide d’une lune noire au bout d’un couloir où “deux haut-parleurs diffusent la fréquence de sept hertz qu’émet la terre dans l’univers, ainsi que l’esprit humain en phase de méditation”, explique la fondatrice.
La biennale De Renava se visite en soirée jusqu’au 6 novembre 2022.
Konbini arts avec AFP