Les musées étant fermés et les galeries ne courant pas les rues de l’Hexagone entier, notre soif de découvertes artistiques reste quelque peu à sec depuis un an. Il existe cependant des plateformes, souvent méconnues du jeune public, permettant d’accéder à de grosses collections d’art contemporain et même de rapporter des œuvres chez soi. Sur le même modèle que nos bien-aimées bibliothèques et médiathèques municipales, les artothèques sont apparues en France dans les années 1980. Il en existe désormais une trentaine dans le pays, qui accumulent des collections riches de milliers d’œuvres.
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À l’image d’une bibliothèque, le concept est simple et l’objectif clair. On s’abonne à l’année, afin de pouvoir emprunter des œuvres selon nos envies, pour un montant abordable. À l’artothèque de Caen, par exemple, l’abonnement annuel s’élève à 68 euros ; 35 euros pour les étudiant·e·s et demandeur·se·s d’emploi. En échange, il est possible d’emprunter deux œuvres tous les deux mois, parmi un catalogue de plus de 3 000 œuvres. Aucune caution n’est demandée, mais il est nécessaire de fournir une pièce d’identité ainsi qu’une assurance d’habitation.
L’artothèque de Caen. (© Antoine Cardi)
Chaque année, les artothèques se dotent de nouvelles œuvres. Une seule condition dans la sélection : que ces dernières “soient facilement transportables”, précise Jennifer Février, chargée de communication à l’antenne caennaise. Sont ainsi entreposées peintures, photos et sculptures, parmi lesquelles les publics sont invités à fouiller, afin de dénicher les perles rares qui trôneront dans leur salon, ou ailleurs, deux mois durant.
Si les plateformes ont leurs habitué·e·s, elles souhaitent ouvrir au plus de monde possible leurs collections : “On est très loin de l’idée élitiste de l’art contemporain. On fait beaucoup de médiation avec les scolaires, des ateliers avec les petits, qui sont gratuits. Ce qu’on veut, c’est toucher un maximum de public, faire un travail de sensibilisation aux œuvres d’art”, souligne Jennifer Février.
Une rencontre “physique” avec l’art
Pour rendre la plateforme plus accessible, plusieurs pistes sont mises en œuvre : des ateliers scolaires donc, mais aussi des expositions gratuites (lorsque les conditions sanitaires le permettent), l’ouverture au numérique (accélérée par la période) ou encore la volonté d’amoindrir les coûts de tickets de bus pour celles et ceux qui vivent loin de l’infrastructure. L’idée principale est de transformer les abonné·e·s en véritables collectionneur·se·s d’art.
“On ne fait pas de réservation, et on n’a pas de catalogue sur Internet. C’était une conséquence technique, parce qu’on n’a pas forcément les droits pour diffuser les œuvres, mais c’est devenu un parti pris parce qu’on veut créer la rencontre entre un public et les œuvres. Certaines personnes viennent à l’artothèque parce qu’elles adorent la photo et, finalement, elles repartent avec uniquement des peintures par exemple. Quelque chose de physique se passe, ce sont les emprunteurs qui regardent, choisissent et décrochent les œuvres. Nous, on ne fait que les emballer.”
L’artothèque de Caen. (© Antoine Cardi)
Cette volonté d’accessibilité est pensée pour les publics, mais aussi pour les artistes. D’ailleurs, Jennifer Février nous prévient : “On ne fonctionne pas par dons d’artistes. Tout travail mérite salaire. Payer les œuvres d’art signifie payer les artistes.” Et ces artistes viennent de la région autant que du monde en entier, avec un coup de pouce passé en direction “des jeunes artistes locaux” : l’artothèque de Caen a un partenariat avec l’école des beaux-arts de la ville, offrant des résidences de plusieurs mois et une bourse pour les étudiant·e·s au sortir de leur formation.
“Les étudiants sont libres de travailler comme ils le souhaitent, la seule chose qu’on leur demande, c’est qu’ils ouvrent la porte du studio mis à leur disposition au public, parce que ce qu’on veut, c’est créer un lien“, insiste Jennifer Février au nom des artothèques, bien décidées à faire sortir l’art contemporain du giron des grandes fondations.
L’artothèque de Caen. (© Antoine Cardi)
Pour tout savoir sur les artothèques, c’est ici.