Glass Onion : on vous explique toutes les géniales références artistiques du film Netflix

Glass Onion : on vous explique toutes les géniales références artistiques du film Netflix

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Un Rothko à l’envers, un Icare qui se brûle les ailes et une fresque de Kanye West : la collection de Miles Bran pue la mégalomanie et le trop-plein d’argent.

Un des fils rouges de Glass Onion consiste en sa critique bien cynique et appuyée du personnage de Miles Bron, interprété par Edward Norton. L’acteur joue un milliardaire de la tech, ressemblant étrangement à Elon Musk, qui a rassemblé ses potes sur son île privée le temps d’un week-end, en pleine pandémie.

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Tout est bon pour se moquer du milliardaire déconnecté, stupide et mauvais : il ne sait pas parler correctement, ne sait rien faire par lui-même et n’a aucun scrupule à la mettre à l’envers à ses proches. En plus du scénario et des dialogues, les décors participent grandement au développement du personnage de Miles Bron et de l’intrigue du film.

Complètement flambeur, l’homme d’entreprise expose sa richesse à travers de nombreux chefs-d’œuvre exposés dans sa villa, la Glass Onion, à 450 millions de dollars. La Joconde, empruntée à l’État français “qui avait besoin d’argent” en pleine pandémie, est la pièce maîtresse de sa collection, voire du film – l’enquête se déroulant sous les yeux de la silencieuse Monna Lisa. Au milieu des nombreuses références cachées et clins d’œil artistiques (à l’instar du “ponton Banksy” ou de la ruine de temple qui surplombe la table à manger de Miles), voici cinq détails bien pensés que vous avez peut-être loupés durant votre visionnage.

Le Mark Rothko à l’envers

“On dirait le Tate Modern ici”, s’exclame Claire Debella (interprétée par Kathryn Hahn) en pénétrant dans le salon de la Glass Onion, faisant référence au célèbre musée londonien qui regroupe une impressionnante collection d’art moderne et contemporain. Dans le salon fourmillant d’œuvres signées Basquiat, Twombly ou Degas, on aperçoit une toile de Mark Rothko, No. 207 (Red over Dark Blue on Dark Gray), qui date de 1961.

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Pas de chance, l’œuvre abstraite est exposée à l’envers : une preuve supplémentaire de la vanité de son propriétaire, qui s’entoure de chefs-d’œuvre pour le clout et le prestige, mais n’en a tellement rien à faire qu’il n’est pas capable de l’accrocher dans le bon sens. L’accrochage astucieux, pensé par le réalisateur Rian Johnson, peut également être vu comme un pied de nez au monde étriqué de l’art contemporain, et sans doute une référence à ce Mondrian resté exposé à l’envers pendant… 77 ans.

Matisse, Degas et Van Gogh dans la salle de bains

Aux trois quarts du film, Benoit Blanc et Helen Brand se retrouvent dans l’une des nombreuses salles de bains de la villa pour faire le point sur leur enquête. Démonstration supplémentaire de la folie déconnectée du propriétaire : il expose autour de ses toilettes des œuvres d’Edgar Degas, Henri Matisse et Vincent van Gogh. On voit derrière le détective joué par Daniel Craig le célèbre Icare de Matisse.

Sur un fond bleu, la silhouette du fils de Dédale tombe dans le vide après s’être brûlé les ailes à s’être trop approché du soleil. Dans sa poitrine, son petit cœur rouge bat encore, mais plus pour très longtemps. Une prédiction (attention, spoiler) de ce qui attend Miles Bran : le richissime homme d’affaires va lui aussi finir dans les flammes à cause de son avidité.

Benoit Blanc (Daniel Craig) devant l’Icare d’Henri Matisse, 1947. (© Netflix)

En face de Benoit Blanc, Helen Bran (Janelle Monáe) s’enfile des Kombucha sans s’apercevoir que la boisson est alcoolisée. Sûrement bien éméchée, et désespérée par la mort de sa sœur jumelle, elle se tient devant L’Absinthe, un tableau d’Edgar Degas qui présente une femme à l’air abattu attablée dans un café, face à un verre d’absinthe. Un jeu de reflet subtil et malin.

Helen Brand (Janelle Monáe) devant L’Absinthe d’Edgar Degas, entre 1875 et 1876. (© Netflix)

Plus difficile à apercevoir, un dernier tableau décore la scène. Visible seulement dans le reflet du miroir, une toile de Vincent van Gogh surplombe les toilettes. Il s’agit du Portrait de Madame Jeanne Lafuye Trabuc. Cette figure de femme installée silencieusement entre les deux personnages pourrait symboliser la présence de Cassandra, sœur jumelle d’Helen, qui veille sur les deux personnages liés par le meurtre.

Le Portrait de Madame Jeanne Lafuye Trabuc, 1889, de Vincent van Gogh, trône entre Benoit Blanc et Helen Brand. (© Netflix)

L’art comme outil égocentrique

Miles Bran est un idiot, mais un idiot qui s’adore. La prétention du magnat de la tech est mise en exergue à travers l’immense portrait de lui qui trône dans son salon. Il y est représenté torse nu, les muscles saillants et le regard droit. Non loin de lui, une large fresque montrant Kanye West (célèbre mégalo) sur un Lion (signe astrologique connu pour son égocentrisme) consolide sa passion pour le narcissisme.

À gauche, la fresque de Kanye West. (© Netflix)

À gauche, l’immense portrait de Miles Bran, grand mégalo. (© Netflix)

Les recréations artistiques

En plus des reproductions d’œuvres qui décorent la villa, certains plans réalisés par Rian Johnson rendent hommage à des chefs-d’œuvre de façon plus subtile encore. Omniprésente, La Joconde réapparaît à la fin du film sous les traits de Janelle Monáe qui fixe la caméra d’un air calme, les mains croisées sur ses genoux. Sa placidité tranche avec la fureur de Miles Bran, impuissant face à l’incendie qui ravage sa propriété et dont le visage se rapproche alors de celui du célèbre personnage du Cri de Munch.

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La plupart des œuvres ont été détruites après le tournage

Bon, d’accord, vous n’auriez pas pu le deviner en regardant le film mais on vous donne l’info, ça ne mange pas de pain. Les décors ont été imaginés par les chefs décorateurs Elli Griffs et Rick Heinrichs – fréquent collaborateur de Tim Burton et récipiendaire de l’Oscar des meilleurs décors et du British Academy Film Award des meilleurs décors en 2000 pour Sleepy Hollow.

Les fausses œuvres ont été recréées par les équipes décors et leur nombre, précision et ressemblance ont ébahi le casting, a partagé Rian Johnson au Wall Street Journal : “Edward [Norton] marchait sur le plateau comme s’il faisait les magasins, genre : ‘Je vais prendre ça et ça.’ Mais en ce qui concerne toutes les reproductions de vraies œuvres, on a dû les détruire à la fin du tournage.”