Cups, paillettes, poils, tampons, female gaze, adolescence décomplexée et tons pastel : bienvenue dans le monde d’Ashley Armitage.
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Les serviettes hygiéniques se mêlent aux paillettes, les vergetures se marient avec les tampons, les poils rencontrent les grandes culottes et les rasoirs sont posés à côté de cups. L’univers cotonneux et rose d’Ashley Armitage est un beau contraste, un mélange entre la virginité des filles et la violence du sang menstruel, entre des selfies d’adolescentes dans l’ère du temps et des tests de grossesse.
Elle définit son style comme étant rêveur, sucré, pastel et féminin. Il est vrai qu’au premier regard, on penserait d’abord à de la délicatesse. Le passage à l’âge adulte, Ashley le documente avec douceur, avec candeur à travers son regard de femme. On retrouve tous types de corps, de peaux, de tailles, d’âges et de genres. Tout ce que la société considère aujourd’hui comme des “imperfections” est ici célébré et n’échappe pas à son œil aiguisé.
Dans l’intimité des chambres d’adolescentes et de femmes, elle explore des thèmes comme la puberté, la sexualité et l’identité en déconstruisant les tabous. Elle livre une version un peu plus naturaliste des vierges de Sofia Coppola. À I-D, elle déclare que ses modèles, ses amies pour la plupart, sont “sexuelles mais jamais sexualisées, qu’elles sont des sujets et jamais des objets” :
“Mes images peuvent en choquer certains parce que nous sommes inondés d’images de femmes photoshopées à la perfection. Mais c’est pour cela que ces images sont si importantes à voir, parce qu’elles montrent des femmes avec de vrais corps que nous n’avons pas l’habitude de voir exposés”, confie-t-elle à Dazed.
Une démarche féministe
C’est ce grain si spécial, dû à l’argentique, qui apporte une texture poudreuse à ces images. L’artiste se revendique bien sûr féministe et, à seulement 23 ans, Ashley Armitage a tout d’une grande. Elle est d’ailleurs à l’origine d’un projet de galerie en ligne, appelée Girlfriends Gallery, qui met en avant des talents féminins émergents :
“Les hommes nous disent constamment à quoi nous devons ressembler et à quoi nous ne devons pas ressembler. Les hommes ont écrit l’histoire et représentent l’art. Les femmes ont toujours été relayées au rôle de muses ou de mannequins, alors que les hommes étaient les artistes et les maîtres de notre image. Il est important de prendre le contrôle de notre image et de démanteler les standards de beauté, ou au moins s’affranchir de cela. […]
Tous les corps ont des ‘défauts’, mais nous devons les regarder autrement. On peut avoir des imperfections, de la cellulite, des poils, des boutons ; tout cela fait partie de notre nature et de notre corps. Nos imperfections nous rendent beaux”, explique-t-elle au Huffington Post.
Dans la lignée du body-positivisme, la photographe américaine voit ses photos comme une manière de se démêler des stigmates, des tabous et des injonctions guidées par une conception subjective et faussée du “beau”. Elle propose sa vision authentique de la femme et de la fille, en faisant fi des fantasmes, des hommes et des médias. Et on applaudit cela.