Pour trois mois, le travail d’Anicka Yi investit le hall d’entrée du Tate Modern, à Londres. L’installation de l’artiste conceptuelle passionnée d’odeurs, de chimie et de cuisine était particulièrement attendue tant les critiques se demandaient comment (et avec quoi) Anicka Yi allait remplir d’arômes le foyer de 3 400 mètres carrés du Turbine Hall – qui abritait autrefois les générateurs électriques de cette centrale électrique désaffectée reconvertie en musée.
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Dans une longue entrevue accordée par l’artiste au Guardian, il ressortait que “le thème de son art concerne la façon dont on n’écoute pas nos corps”, soulignait le journaliste Stuart Jeffries. L’installation du Tate In Love With the World semble être dans la droite lignée de cette affirmation : l’artiste a créé des machines flottantes (qu’elle appelle des “aerobes”) aux airs de pieuvres attirées par la chaleur humaine – sans jamais toucher le public cependant.
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Will Burrard Lucas)
Le ballet de ces automates est aléatoire et différera de visite en visite, selon l’affluence et les mouvements des personnes présentes. “Une équipe de spécialistes” s’est chargée de développer un logiciel qui confère à chaque engin “un vol unique”, note The Art Newspaper.
Le déplacement plus ou moins incertain des céphalopodes, souligne le Tate Modern, “réimagine l’intelligence artificielle et nous pousse à penser les nouvelles façons dont les machines pourraient peupler le monde”. En sus, Anicka Yi n’a pas mis de côté sa passion pour les effluves et a conçu des odeurs qui changeront chaque semaine, “en lien avec des périodes spécifiques de l’histoire du quartier de Bankside“, où est situé le musée d’art moderne.
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Joe Humphrys)
21 ans de propositions artistiques fortes
Depuis l’ouverture du musée londonien, en 2000, son Turbine Hall accueille des installations d’artistes contemporain·e·s du monde entier. Les cinq étages du Turbine Hall ont souvent inspiré les artistes en question à proposer des œuvres massives. Louise Bourgeois, première artiste à investir les lieux il y a 21 ans, avait installé, en plus de trois tours d’acier de neuf mètres de haut, un escalier circulaire entouré de grands miroirs ronds et de sculptures représentant une mère et son enfant.
Après Anish Kapoor, Doris Salcedo ou encore Ai Weiwei, l’artiste états-unienne Kara Walker présentait quant à elle l’année dernière Fons Americanus, une statue de treize mètres de haut visible dans le clip de FKA Twigs, “Don’t Judge Me”, et pensée comme “un devoir de mémoire du passé esclavagiste occidental ‘face à la montée de la suprématie blanche’“.
Il reste trois mois à Anicka Yi pour faire sa marque dans ce haut lieu de l’art contemporain et, peut-être, surprendre le public au fil des évolutions de ses machines et des odeurs changeantes qui les entourent.
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Joe Humphrys)
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Joe Humphrys)
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Will Burrard Lucas)
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Will Burrard Lucas)
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Will Burrard Lucas)
Vue de la commission Hyundai “In Love With the World” d’Anicka Yi. (© Tate Modern/Photo : Joe Humphrys)
Anicka Yi devant sa commission Hyundai “In Love With the World”. (© Tate Modern/Photo : Ben Fischer)
L’installation In Love With the World d’Anicka Yi au Tate Modern est visible jusqu’au 16 janvier 2022.